Avec Athènes, le périple pacifiste de 2003 à travers la Méditerranée arrive à sa fin. Il ne s'agit pourtant là que de la seconde édition de la croisière. La première, effectuée à bord du même destroyer, le «Constanta», a eu lieu en 2001. Flash-back. Récapitulons : beauté myth-ique des monuments de style baroque, fraîcheur des plages et attrait des stations balnéaires (dotées d'une large gamme d'équipements et de services), somptuosité des paysages naturels jonchés d'orangers et autres citronniers, solennité des édifices modernes… Ce sont là quelques indices du prestige qu'exerce la troisième agglomération urbaine en Espagne : Valence. Si à cela, on devait ajouter cette remarquable hospitalité que nous ont réservée nos hôtes espagnols, on était nombreux sur le « Constanta » à avoir souhaité prolonger notre séjour dans cette belle région du sud de l'Espagne. Qu'à cela ne tienne, notre équipée allait se poursuivre dans une région encore plus belle. Le 25 juin, le destroyer se dirigea vers les îles Baléares. Port d'attache : Palma de Majorque. Un véritable bout de paradis, jalousement protégé par de hautes cimes parsemées de calanques, jonchées de pinèdes et de palmiers. Dotée de très beaux paysages, de falaises imposantes, au pied desquelles s'étalent des plages au sable couleur topaze, sur lesquels viennent échouer quelques paisibles vagues méditerranéennes, Palma de Majorque offre également un cadre historique époustouflant. Cette île renferme, entre autres, le joli palais de la Almudaina, le Museo de Mallorca, qui occupe un édifice construit au XVIIème siècle connu sous le nom de « Casa de la Gran Cristiana » (La Maison de la Grande Chrétienne), la Fundacion Pilar y Joan Miro, dont les fonds sont composés de pièces offertes par des peintres catalans, Museo de Arte espanol contemporaneo (Musée de l'art espagnol comtemporain) où le visiteur peut admirer les 100 gravures de la suite Vollard de Picasso… Que faut-il ajouter à cette belle fresque historique ? La Plaza de Mallorca, considérée comme le cœur battant de l'île. C'est dans ce décor fantastique que nous débarquâmes, le 26 juin, dans l'après-midi. A l'arrivée du « Constanta », nous étions accueillis avec un très beau spectacle chorégraphique. A quai, des acrobates s'apprêtaient à former avec leurs corps une majestueuse pyramide humaine. Sur fond de musique, devant l'impressionnante foule qui s'était portée à notre accueil, des acrobates montaient, l'un après l'autre, sur les épaules de leurs collègues pour dessiner un mémorable et très significatif tableau. Un message devait se dégager à travers ce tableau : avec de la solidarité et de la cohésion, des lendemains meilleurs sont possibles. « C'était là tout le sens de notre action », fit remarquer Richard Martin. Après le spectacle servi en guise de bienvenue, des mini-bus devaient emmener les pacifistes dans la célèbre Cathédrale de Palma de Majorque. Là-bas, nous avions rendez-vous avec la représentation de la pièce « Les Ulysses» par la troupe de théâtre «Bulandra ». Inspirée de «L'Odyssée » de Homère, Catalina Buzoïanu, metteur en scène romaine, voulait revendiquer par ce spectacle la réhabilitation du passé radieux de la Méditerranée. « Il faut que la Méditerranée retrouve son image de lac de la paix, et se débarrasser de cette réputation actuelle de théâtre de guerres», nous dit-elle. Pour cette femme de théâtre, ce spectacle était aussi une façon de dire que, quelles que soient nos origines, de quelque côté du lac que l'on se trouve, de quelque confession que l'on se revendique, nous sommes, -et resterons-, des Méditerranéens. « Nous devons le revendiquer avec autant de force que la Méditerranée est la source de toute la civilisation humaine ».