Le marché des transferts dans le football national n'obéit à aucune règle et ne respecte aucune éthique sportive. Notre championnat s'est transformé, ces dernières saisons, en une véritable gare routière avec des joueurs qui quittent la scène et y reviennent à la surprise générale pour achever la saison avec leur club ou alors ce sont des transferts définitifs qui interviennent à n'importe quelle période de l'année, en pleine compétition. On peut donc s'interroger sur les motivations des dirigeants et se poser des questions sur la finalité des équipes engagées dans le championnat. Car il n'est pas du tout sûr que toutes les équipes auraient des objectifs sportifs à atteindre. Dès lors on peut parler de véritable transhumance avec des mouvements qui donnent le tournis, surtout en direction des pays du Golfe avec des championnats de trois à quatre mois ou même des compétitions de deux ou trois semaines et ce ne sont pas les joueurs qui réalisent les meilleures opérations (sportivement et financièrement) dans de tels transferts, car si les clubs marocains acceptent de laisser leurs footballeurs aller faire des “piges” pour ramasser des pétrodollars, seuls les dirigeants décident de ce souk rentable à quelques-uns (généralement un ou deux par club avec des agents sans scrupule). Ces derniers expliquent leur “négoce” par la nécessité de remplir les caisses désespérément vides de leur club, mais personne ne se trompe sur la nature des accords avec le football particulier pratiqué en terre golfique. Et même dénoncés, parfois avec beaucoup de retard, par le joueur concerné, lesdits dirigeants résistent à l'opprobre en restant accrochés à leurs postes. Il est vrai qu'il en faudrait beaucoup plus pour les déloger. Car arrivés sur place, nos footballeurs découvrent souvent que d'autres joueurs moins talentueux ont perçu trois ou quatre fois plus que le montant de leur transfert et sportivement, connaissant le niveau des championnats du Golfe, on voit mal comment nos joueurs peuvent évoluer, sachant qu'ils comprennent, souvent tardivement, que de telles aventures ne sont pas toujours payantes. Malheureusement pour le moment, on ne semble guère préoccupé par ces mouvements incessants de va-et-vient qui s'effectuent sans le moindre contrôle et c'est normal que le niveau de notre championnat en pâtisse cruellement, sachant que nos entraîneurs qui devaient, en principe, être les premiers à dénoncer ces allers-retours inopinés ne pipent mot, parce que craignant eux aussi pour leur place. Espérons que le contrat-programme signé par le gouvernement, les collectivités locales et la Fédération royale marocaine de football (FRMF) permettra de générer les outils nécessaires (financières et juridiques) pour stopper cette hémorragie. • Ahmed Guedira