Le plagiat des articles de la MAP est une pratique qui est devenue très courante et récurrente de la part de certains journalistes qui n'hésitent pas à éliminer au bas du papier la signature de son auteur pour y mettre la leur. “Un acte de plagiat condamnable'', ''du vol intellectuel'', c'est en ces termes que des directeurs et rédacteurs en chef de la presse nationale condamnent la pratique dont usent à outrance certains journalistes et journaux en se réappropriant les dépêches et les papiers signés de la MAP et d'autres agences de presse. Une pratique qui est devenue très courante et récurrente de la part de certains journalistes qui, au mépris des principes les plus élémentaires de la déontologie, n'hésitent pas à éliminer au bas du papier la signature de son auteur pour y mettre la leur. Quant aux dépêches, n'en parlons pas ! Elles sont quasi-systématiquement réappropriées par la plupart des journaux sans aucune référence à la MAP. Pour ces journalistes peu scrupuleux et même pour certaines publications, la MAP, comme d'ailleurs toutes les autres agences, est un puits inépuisable d'informations d'où ils se servent à volonté sans même prendre la peine de citer la source, ne serait-ce que pour témoigner une quelconque reconnaissance aux journalistes de l'Agence, très souvent anonymes, mais qui, 24h sur 24 et 7 jours sur 7 tout au long de l'année depuis déjà 47 ans, n'arrêtent pas d'alimenter le fil et fournir à leurs confrères une information diversifiée en toute objectivité et avec une rigueur que d'aucuns sont unanimes à reconnaître. Et quand parfois - la plupart de la production des agenciers ne porte très souvent que leurs initiales - un des journalistes de la MAP signe un papier, il attend au retour que son travail soit repris par les journaux qui le jugent ''bon à publier'' avec sa signature et non pas ''sans'' comme c'est malheureusement le cas le plus souvent. Et les exemples des papiers signés des journalistes de la MAP ''piratés'' ne se comptent pas. Devant ce ''fait accompli'' récurrent, ni les notes que la MAP adresse dans ce fil à l'attention des abonnés, ni le code de déontologie défendue notamment par le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) et les multiples correspondances qu'il adresse régulièrement aux rédactions à ce sujet, ni encore les admonestations de la direction de certains journaux aux journalistes qui ne respectent pas la propriété intellectuelle, n'ont pu bannir cette pratique dans une certaine presse. Comme d'autres confrères, qui ont bien voulu confier à la MAP leur position vis-à-vis de cette pratique, Abdelmounaim Dilami, Directeur du groupe "Eco-Médias" réunissant ''L'économiste'' et '' Assabah'', est on ne peut plus clair et catégorique. Il affirme que le fait de s'approprier le travail des autres, "c'est purement et simplement du vol" avant poursuivre qu'il y a deux cas de figure qui se présentent sur le registre du ''piratage'' (le terme est du SNPM) de la production MAP : ''Le premier, et c'est à mon avis le plus grave, c'est lorsque le journal s'approprie les dépêches et les papiers de l'Agence. Il s'agit en l'espèce, d'un vol institutionnel. Le deuxième, quand le journaliste, à l'insu de la direction de son journal, s'attribue le travail des autres''. Et ce vieux routier de la presse qui préside aux destinées de la Fédération Nationale des Editeurs de Journaux, de recommander aux directions des rédactions d'être intransigeantes en la matière, quitte à licencier les journalistes qui usent de cette pratique, comme il affirme en faire sienne cette intransigeance au sein de son groupe. ''Oui, effectivement, il nous est arrivé de licencier des journalistes qui s'adonnaient à cette pratique'', avoue-t-il sans complexe. Mohamed Khalil, Rédacteur en chef du quotidien ''Al Bayane'' est aussi du même avis. Il exprime son indignation face à cette pratique qui n'honore pas la profession. ''Du point de vue de la déontologie, c'est condamnable et blâmable, car il s'agit d'une propriété intellectuelle et de ce fait, elle devrait être protégée. C'est tout simplement du plagiat ", assène-t-il, tout en faisant remarquer que "certains journalistes se réapproprient les dépêches et les papiers signés de la MAP ou des autres agences de presse parce qu'ils sont des bras cassés et les publications qui font de même agissent de la sorte pour cacher les insuffisances en nombre de journalistes". "Il est donc de la responsabilité de la direction et tout particulièrement du Rédacteur en chef de toute publication de sensibiliser son équipe rédactionnelle et de veiller à ce que de telles pratiques ne se produisent pas. Autrement, le Rédacteur en chef commet une faute professionnelle", a-t-il dit. Un avis partagé par Abdellah Chankou, Rédacteur en chef du quotidien ''Aujourd'hui le Maroc'', qui estime que les journalistes qui s'approprient les papiers de l'Agence ne peuvent en aucun cas prétexter un quelconque oubli ou autre faux-fuyant car ''rien ne justifie de voler le travail des autres'', recommandant du coup conscience professionnelle, honnêteté intellectuelle et rigueur. Et à propos de rigueur, ce journaliste qui a fourbi ses premières armes à ''Maroc Hebdo International'', n'a pas manqué de saluer ''le travail et la rigueur des journalistes de la MAP, une agence nécessaire et incontournable". "Il est donc de notre devoir de valoriser le travail des journalistes de la MAP, souvent anonymes mais qui font de l'excellent travail'', a-t-il affirmé. Autre avis, autre réaction, celle d'Ahmed Réda Benchemsi, directeur de l'hebdomadaire "Tel Quel", qui a d'emblée condamné l'acte de plagiat commis par certains journalistes et journaux. Car, pour lui, "un journaliste qui se respecte n'a pas le droit de s'attribuer le travail d'un autre comme il n'aimerait d'ailleurs pas qu'on se réapproprie le sien". Que dire alors après toutes ces condamnations de l'acte de ''piratage'' de la production MAP ? Et surtout que faire pour que la pratique s'arrête ? Une chose est sûre, tant que certaines rédactions continuent à faire peu de cas de la déontologie, il est fort à parier que la tendance perdure, à moins qu'un éventuel changement des mentalités ne se produise au sein de ces rédactions. • Rachid Sami (MAP)