Elle affiche des objectifs ambitieux pour 2035 Les personnes écoutées par la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) aspirent à des services publics de meilleure qualité, pour garantir l'égalité des chances et renforcer les capacités individuelles. L'accès à l'éducation et la à santé de qualité a été placé comme priorité première parmi les attentes des citoyens. Dans son rapport de 170 pages, la Commission considère que «le renforcement du capital humain exige d'opérer des inflexions et ruptures majeures au niveau des politiques publiques dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'enseignement supérieur». L'ambition du nouveau modèle de développement est d'initier une véritable renaissance éducative marocaine. L'école marocaine doit ainsi permettre à chaque élève d'acquérir les compétences fondamentales pour assurer son insertion sociale, favoriser sa réussite académique et professionnelle. Dans son rapport, la CSMD fait remarquer que sans une transformation profonde du système éducatif, aucun des objectifs de développement du Maroc ne pourra être atteint. Le nouveau modèle est ainsi destiné à améliorer la qualité de l'enseignement et replacer l'école publique au cœur du projet de société du Maroc. A l'horizon 2035, plus de 90% des élèves devront posséder les compétences scolaires fondamentales à la fin du cycle primaire, contre moins de 30% en 2020. Pour rehausser la qualité du système éducation-formation, la CSMD juge primordial d'investir dans la formation et la motivation des enseignants pour qu'ils deviennent les garants des apprentissages. Le Maroc doit impérativement valoriser son corps enseignant et rehausser son niveau de compétences. Pour cela, la Commission considère nécessaire d'engager une transformation profonde des métiers de l'enseignement. Deux propositions concrètes permettraient ce changement: améliorer la qualité de la formation des enseignants, aujourd'hui assurée par une vingtaine d'entités à travers la création d'un Centre d'excellence du professorat. La deuxième proposition concerne l'élaboration d'un nouveau parcours de carrière de l'enseignant visant à renforcer l'attractivité du métier auprès des étudiants méritants. Le second levier concerne la réorganisation du parcours scolaire et le système d'évaluation pour assurer la réussite de chaque élève. La Commission recommande de mettre en place un dispositif complet pour la réussite éducative autour de cinq composantes : développer un préscolaire de qualité, organiser le parcours de l'élève en plusieurs paliers d'apprentissage en définissant les connaissances, les savoir-faire et savoir-être que doit acquérir l'apprenant à chaque étape de son parcours scolaire avant de passer à l'étape suivante de sorte à limiter l'accumulation des lacunes, moyennant un dispositif indépendant et objectif d'évaluation des acquis scolaires. Parmi les autres composantes figurent la mise en place d'un dispositif de lutte contre l'échec éducatif ; le renforcement du système d'orientation scolaire ; valoriser la voie de l'enseignement professionnel, en l'érigeant en filière attractive offrant des débouchés concrets sur le marché du travail. Il est aussi question de rénover les contenus et les méthodes pédagogiques pour un enseignement efficace et épanouissant. La Commission propose aussi de responsabiliser les établissements à travers la mise en place d'un mécanisme incitatif de certification-qualité des établissements. Gérée par un organe indépendant, la certification imposerait le respect d'un certain nombre de bonnes pratiques en matière de gestion de l'établissement, de pédagogie et de vie scolaire. Santé : 3.600 médecins et 7.100 infirmiers à former annuellement Dans le domaine de la santé, la Commission recommande, en premier lieu, de soutenir la demande de soins, en opérationnalisant la généralisation de la couverture médicale. Le renforcement de l'offre de soins suppose aussi une amélioration de la densité de personnel soignant sur l'ensemble du territoire. L'objectif est d'atteindre une densité de personnel soignant de 4,5 pour 1.000 habitants en 2035 contre seulement 2 pour 1.000 actuellement. Cela correspond, en moyenne, à 3.600 médecins et 7.100 infirmiers formés annuellement. Pour atteindre ces objectifs, la Commission propose d'augmenter les capacités de formation de médecins en renforçant les capacités des CHU et facultés actuels (publics et privés) et en assurant que toutes les régions disposent d'une offre de formation (CHU et faculté) . Il est aussi important de réduire la durée de formation généraliste en allouant certains enseignements aux formations spécialisées. Il est aussi proposé de mettre en place un statut particulier pour les professionnels de santé permettant de réviser le régime de rémunération à la hausse et de l'indexer sur la qualité et le rendement. L'amélioration de l'offre, en accès et en qualité, nécessite également de réorganiser le parcours de soins et d'accélérer la digitalisation du système de santé. L'accroissement de l'offre exige aussi de renforcer l'hôpital public et d'encourager la coopération public-privé. Par ailleurs, pour assurer le bon fonctionnement à long terme du système de santé, une refonte de la gouvernance sanitaire est nécessaire, y compris au niveau territorial. Enfin, il est essentiel de renforcer la résilience du système de santé face au risque de crises sanitaires futures. Pour cela, le pays doit disposer d'un système de sécurité sanitaire qui serait en mesure de prévenir, détecter et riposter contre des urgences de santé publique et de réduire autant que possible leur étendue et leur impact sur les citoyens.