Le Premier ministre a promis aux présidents des Universités et aux directeurs des académies des fonds supplémentaires s'ils réussissent à former des jeunes selon les besoins du marché de l'emploi. Cinq ans après l'entrée en vigueur de la Charte pour l'Education et la Formation, un bilan de mi-parcours s'impose de manière évidente. C'est dans cet esprit que le Premier ministre, Driss Jettou, s'est réuni lundi dernier à Rabat avec les principaux concernés par cette réforme, en l'occurrence les présidents de toutes les universités et l'ensemble des directeurs des Académies régionales. "L'objectif de cette rencontre a été de faire le point, d'une part, sur les avancées enregistrées sur le terrain et d'autre part sur les principales entraves qui empêchent la réforme d'atteindre son rythme de croisière", a souligné Latifa El Abida, secrétaire générale du ministère de l'Education nationale, dans un entretien accordé à ALM. Et d'ajouter : «Ce fut également une occasion pour le Premier ministre de s'enquérir des préparatifs du Forum national sur la réforme que le ministère copte organiser les 20, 21 et 22 juillet courant». Après trois années sous le nouveau régime, les présidents des Universités ont assuré que d'énormes avancées ont été enregistrées en matière pédagogique, notamment en ce qui concerne l'assiduité des étudiants. Même constat pour les Académies régionales de l'éducation et la formation, qui en sont à leur cinquième année d'exercice. Toutefois, les participants ont mis l'accent sur un certain nombre d'obstacles qui se dressent devant la réalisation des objectifs tracés par la Charte. La principale entrave est d'ordre purement financier. Les présidents des Universités et les directeurs des Académies ont assuré au Premier ministre que les moyens financiers dont ils disposent sont assez faibles. "Effectivement, assure Latifa Al Abida, des efforts financiers considérables ont été consentis, depuis une dizaine d'années environ, en matière de rémunération du personnel de l'éducation. Toutefois, les budgets de fonctionnement et d'investissement n'ont pas connu de grands changements". La généralisation de l'enseignement a entraîné une montée en flèche des effectifs dans les établissements scolaires. Et par ricochet, les charges ont suivi la même tendance ascendante. Dans les universités, les présidents ont exprimé un besoin pressant en professeurs spécialisés dans des disciplines pointues. Leur recrutement nécessite évidemment des fonds importants dont les universités ne disposent manifestement pas. Autre exemple : l'entretien des écoles. Les académies souhaiteraient, à ce titre, pouvoir signer des contrats avec des sociétés spécialisées dans le nettoyage pour que les écoles soient plus accueillantes. Sur le plan organisationnel, les présidents des universités et les directeurs des académies ont remis sur le tapis un problème statutaire, à savoir celui de la création des postes de vice-président d'université et de directeur-adjoint d'académie. Ce dossier semble être bloqué au niveau du ministère des Finances. Les présidents des Universités et les directeurs des Académies ont demandé au Premier ministre, Driss Jettou, d'intervenir auprès du ministre des Finances, Fathallah Oualalou, pour débloquer le dossier.Pour sa part, le directeur de l'Office national des affaires universitaires, sociales et culturelles a effectué un exposé sur la situation des cités et des restaurants universitaires. Là encore, les budgets semblent être insuffisants pour répondre convenablement à la demande grandissante. Les bourses, elles-aussi, n'ont connu aucune augmentation depuis une vingtaine d'années. Enfin, les professionnels de l'éducation et la formation ont appelé le Premier ministre à les soutenir dans une doléance qu'ils jugent essentielle : l'assouplissement des procédures de passation des marchés. Après avoir écouté tout ceci, Driss Jettou a promis que le gouvernement serait prêt à fournir des efforts financiers supplémentaires. Mais en contrepartie, les présidents des Universités et les directeurs des Académies ont été appelés à dispenser une formation adaptée aux besoins du marché de l'emploi. Pour le Premier ministre, les accords de libre-échange signés par le Maroc équivaudraient à un suicide s'ils ne sont pas accompagnés d'une mise à niveau des ressources humaines. En clair, l'école et l'université doivent cesser de produire des chômeurs. La rencontre du lundi dernier fut également une occasion pour le DG de l'ANRT, Mohamed Benchaâboune, de présenter l'état d'avancement du projet de généralisation des technologies de l'information dans les établissements scolaires. Ainsi, 8.600 établissements sont concernés par ce vaste projet doté d'un budget d'un milliard de DH. En d'autres termes, 5,5 millions d'élèves vont disposer de 104.000 PC et de 17.000 imprimantes et autres équipements. Enfin, 223.000 enseignants bénéficieront d'une formation spéciale afin de pouvoir mener à bien ce projet grandiose.