Cinq ans après l'application de la réforme de l'éducation, le gouvernement et les professionnels ont réalisé un bilan d'étape. Principaux problèmes : la gestion des ressources humaines et l'inadéquation avec le marché de l'emploi. Les travaux du Forum national sur la réforme du système éducatif ont débuté mercredi dernier à Rabat, sous le thème : "Acquis et perspectives". Initiée par le ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, cette rencontre de trois jours a donc un double objectif. Il s'agit, tout d'abord, d'une occasion d'évaluer les différents acquis réalisés sur le terrain, cinq ans après l'entrée en vigueur de la réforme de l'éducation. Mais aussi d'identifier les multiples défaillances dans la mise en œuvre de cette vaste réforme et proposer les solutions adéquates. Pour ce qui est des réalisations, les participants aux travaux du Forum ont noté l'augmentation des taux de scolarisation et les acquis enregistrés au niveau des constructions, des équipements, des méthodes de l'enseignement et des programmes. Toutefois, lors de son allocution, le Premier ministre a mis l'index sur un élément qui semble lui tenir particulièrement à cœur : l'adéquation entre la formation et les besoins du marché de l'emploi. Cet aspect est le cheval de bataille de Driss Jettou. "La mise à niveau de l'économie marocaine, dans le contexte actuel de la mondialisation, demeure tributaire de la réussite de la réforme du système éducatif", a-t-il souligné. C'est ce que le Premier ministre avait déclaré, la semaine dernière, lors d'une rencontre au siège de la Primature avec les présidents des universités et les directeurs des Académies régionales. Driss Jettou avait assuré que le gouvernement est prêt à fournir des efforts financiers supplémentaires au système éducatif. Mais en contrepartie, les Universités et les Académies doivent dispenser une formation adaptée aux besoins du marché de l'emploi. Pour le Premier ministre, les accords de libre-échange signés par le Maroc équivaudraient à un suicide s'ils ne sont pas accompagnés d'une mise à niveau des ressources humaines. En clair, l'école et l'université doivent cesser de produire des chômeurs. Etant donné que la réussite de la réforme de l'Education est une affaire de tous, notamment le gouvernement et les professionnels, les aspects liés à la concertation et au suivi apparaissent comme primordiaux. C'est ainsi que Driss Jettou s'est engagé, au nom du gouvernement, "d'activer la Commission ministérielle spéciale Education-Formation pour assurer le suivi du processus de réforme". Pour sa part, le ministre de l'Education nationale, Habib El Malki, a souligné que son département accorde une priorité à la question des ressources humaines. C'est ainsi qu'un plan, à moyen et à long termes, sera élaboré par ce ministère en matière de gestion des ressources humaines. Le ministre a indiqué que toute réforme a un prix, précisant que le caractère "global et efficient" de la réforme du système de l'éducation et de l'enseignement exige la mobilisation de nouvelles compétences dans le but de mener à bien ce grand projet sociétal. Le message est clairement adressé au ministère des Finances qui rechigne à valider des dépenses supplémentaires pour le recrutement des enseignants. Or, si l'on veut former des jeunes absorbables par le tissu économique, notre enseignement a besoin de professeurs et de formateurs spécialisés dans des disciplines pointues. Pour rassurer tout le monde, le Premier ministre Driss Jettou a assuré que cette question "fera l'objet d'un examen approfondi par le gouvernement".