Le ministère de l'Education et de la Jeunesse organise, du 15 avril au 15 mai, une série de forums au sujet de la réforme auxquels vont participer les principaux concernés. C'est une manière de mobiliser le corps enseignant à l'urgence de cette réforme. Après quatre ans de l'entrée en vigueur de la Charte de l'éducation et la formation, la réforme du système éducatif semble toujours traîner, même si de nombreuses réalisations peuvent être enregistrées à l'actif gouvernemental. C'est dans ce contexte que le ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse a organisé, hier à Rabat, une conférence de presse consacrée au lancement des "forums de la réforme" qui débuteront le 15 avril et s'achèveront un mois plus tard, soit le 15 mai. En fait, le but de ces forums est de mettre en application les dispositions de la Charte de l'éducation et de la formation. Ce ne seront plus des intellectuels, des académiciens et des politiciens, tous triés sur le volet, qui débattront du sempiternel sujet de la réforme. En effet, ces forums de la réforme seront animés par les principaux concernés. Leur liste est prédéfinie. Il s'agit, notamment, des responsables des académies régionales de l'éducation et la formation, des délégations provinciales et préfectorales du ministère de l'Education et des directeurs des Ecoles supérieures des enseignants, sans oublier les directeurs des établissements scolaires, primaires et secondaires, et les inspecteurs. Lors de son allocution, le ministre Habib El Malki a expliqué que ces forums seraient organisés d'une part sur le plan régional et d'autre part aux niveaux préfectoral et provincial. Ainsi, pour ce qui est du premier niveau, le ministère de l'Education national a programmé la tenue de 24 forums dans les 16 régions du pays. Leurs travaux s'étaleront du 15 avril au 3 mai. Pour ce qui est des forums préfectoraux provinciaux, le ministre a précisé que l'encadrement sera assuré par des personnes ayant participé aux travaux des forums régionaux. Le but étant, bien évidemment, de focaliser les débats et la réflexions des participants, "sur des thèmes précis afin d'éviter tout débordement". Tout est fin prêt, les lieux de réunions, les encadrants, les objectifs… Sur ce dernier point, le ministre a insisté sur le fait que "ces forums ne seront pas l'occasion de lire des discours, de les applaudir et d'étaler des théories". Au contraire, les participants à ces forums devront aboutir à des conclusions claires et des recommandations précises. Cependant, force est de constater que l'initiative du département d'El Malki, à savoir l'organisation de ces forums de la réforme, même si ces derniers sont limités dans le temps, semble opérer un véritable retour en arrière. C'est-à-dire à l'époque où les membres de la Commission spéciale pour l'éducation et la formation (COSEF) préparaient leur charte. A la question de savoir si les forums de la réforme vont donner naissance à une charte-bis, le ministre de l'Education, Habib El Malki, est on ne peut plus clair. Non, les forums de la réforme ne remplaceront pas la charte, d'ailleurs, les travaux des participants vont s'inspirer de cette Charte. Ceci-dit, "la réforme de l'enseignement ne peut être ni bureaucratique, ni technocratique, ni administrative", affirme El Malki. Le terme "adhésion" revenait continuellement dans les propos du ministre. El Malki a compris que la Charte ne pouvait être traduite en mesures concrètes et réalisables que si le corps des enseignants et des fonctionnaires du ministère participent à la réflexion générale. Ce corps a maintenant l'occasion de le faire. Ce corps qui a été quasiment écarté des préparatifs de la Charte est réhabilité. Un mois durant, il pourra donner, officiellement et solennellement, son avis sur la charte et émettre les critiques qu'il juge pertinentes. Toutefois, il n'est pas question de remettre en question une disposition quelconque de la charte. L'intérêt psychologique de ces forums est beaucoup plus important que leurs incidences purement académiques. En somme, ces fameux forums sont une étape préalable à toute réforme. Après quatre ans, les autorités viennent donc à la réalisaion.