Dans une ambiance d'enterrement, Abdelhak Bennani, PDG de Wafabank, a tenu à faire ses adieux à l'ensemble de ses cadres le samedi 6 décembre, au centre social My Ali Kettani. Les deux dernières décisions du P-DG ont visé l'inscription du nom du fondateur du groupe dans la postérité. Sans surprise, la démission d'Abdelhak Bennani, Président Directeur Général de la Wafabank est tombée. Le conseil d'administration de la banque, tenu le vendredi 5 décembre en présence remarquée des administrateurs étrangers (Crédit Agricole Français et BBVA l'Espagnole), a pris acte de la démission du P-DG. Un hommage distingué lui a été rendu. Les loyaux services, la clairvoyance et la stratégie du père de la Wafa Génération ont ainsi été relatés. Toutefois, le manager de la famille Kettani a tenu à accélérer les choses. Loin de nourrir une rancune vis-à-vis des héritiers de Moulay Ali Kettani qui l'a porté à la tête de l'institution, la fierté connue du P-DG a pris le dessus. « La pilule de l'écartement » de la transaction de vente du contrôle de Wafabank n'a toujours pas été avalée. Le procès-verbal du conseil d'administration a été rédigé le jour même. Bennani ne voulait, assurément, plus remettre les pieds dans son bureau après. Toutefois, il a tenu à faire ses adieux aux membres de la banque lui-même. Un e-mail a été adressé à l'ensemble des cadres, les invitant à une réunion, l'ultime, avec leur ex-PDG le samedi 6 décembre, au Wafa Cos de Boussekoura, baptisé d'ailleurs par Abdelhak Bennani de Club Kettani. L'autre dernière décision de l'homme fort de Wafa est le changement du nom de l'agence Paquet, en plein centre de Casablanca. Le célèbre ancien siège de la banque a été baptisé, à son tour, Agence Molay Ali Kettani. C'est dire la haute estime que nourrit toujours Bennani envers cette personnalité mythique du capitalisme marocain. D'ailleurs, son allocution d'adieu, devant une salle noire de monde, a commencé par un rappel détaillé des caractéristiques connues et reconnues de feu My Ali. Un Bennani, en larme, s'est ensuite adressé aux « soldats Wafaiens », l'autre richesse du groupe Wafa, comme il se plaît à rappeler. Tout en regrettant la fin de la saga des Wafa, Abdelhak Bennani, à travers une rétrospective des 25 ans à la tête de la banque, a rendu un hommage affectueux à l'ensemble de ses collaborateurs. Toutefois, la présence remarquée d'Azzel Arab Kettani, l'aîné des fils Kettani, les yeux rouge sang de larmes, est à signaler. Tombé dans les bras l'un de l'autre, il a tenu à exprimer son attachement au président Bennani. Par contre, la seule fois où ce dernier s'est arrêté sur la transaction passée avec la BCM, il a rappelé, ouvertement, le refus d'Azzel Arab et de sa mère, du soutien à la transaction. Devant la majorité, l'unanimité a été trouvée. Lauréat des grandes écoles françaises, Abdelhak Bennani a été porté à la tête de la banque par le fondateur du groupe, feu My Ali. Sa nomination à la direction générale de Wafabank remonte à 1976. Avant la divergence affichée avec les héritiers, le soutien à la vision de Bennani était total. Sa clairvoyance et son côté visionnaire ont été bien salués par Saâd Kettani à l'issue de la transaction de cession à BCM. Le groupe lui doit le lancement, dans les années 1980, de produits innovants (1ère carte de crédit au Maroc, distributeurs automatiques, formules d'assurance pour les particuliers,...) qui a favorisé le renouvellement et le rajeunissement du fonds de commerce. En 1985, la Banque change de nom et devient Wafabank. En 1996, la fusion absorption d'Uniban, filiale marocaine du Groupe Espagnol BBV ( Banco Bilbao Vizcaya) à marqué un nouveau tournant dans la vie du groupe. L'acquisition de BBVA Maroc, en 2001, de la filiale marocaine de BBVA, en est une autre. Toutefois, la question du Crédit Du Maroc, saluée dans son temps, a été décriée par la suite. Au même titre que le rapprochement avec le Crédit agricole Français. L'histoire se chargera assurément de clarifier les choses. Pour l'heure, un grand banquier marocain connu et reconnu part à la retraite. Le pays ne pourrait se passer d'un tel capital humain et d'une riche expérience. Ce n'est assurément qu'un au revoir, plutôt qu'un adieu !