Le budget de la santé ne dépasse pas 6% du budget général de l'Etat, alors que l'OMS recommande 12% Le système de santé au Maroc va très mal. Le secteur est confronté à deux obstacles majeurs, à savoir un manque de financement et une pénurie importante de médecins et d'infirmiers. Chiffres à l'appui, le ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, a révélé lundi au Parlement que 50,7% des dépenses de santé sont supportées par les familles alors que selon les normes internationales, le taux ne doit pas dépasser les 25%. Le ministre a aussi pointé du doigt le faible financement des assurances et des mutuelles, qui ne dépasse pas 25%. Le budget alloué au secteur reste faible. Il ne dépasse pas 6% du budget général de l'Etat, alors que l'OMS recommande un taux de 12%. Le système souffre d'un manque crucial de ressources humaines et d'un déséquilibre régional dans la répartition des ressources humaines. Le ministre a fait savoir à ce sujet que le Maroc a un déficit de 97 566 professionnels de santé dont 32.522 médecins et 65.044 infirmiers. La densité actuelle est de 1,7 personnel médical pour 1000 habitants alors que le minimum requis est de 4,45, ce qui représente un besoin de 2,75 pour 1000 habitants. Rappelons que selon la carte sanitaire du ministère de la santé, le corps médical dans le public se chiffre à 12.034 dont 3.857 médecins généralistes, 7.559 médecins spécialistes, 458 dentistes et 160 pharmaciens. Les piliers de la nouvelle réforme Le ministre de la santé a présenté la nouvelle réforme du système de santé qui repose sur 4 piliers. Le premier porte sur la valorisation des ressources humaines à travers la mise en place de plusieurs mesures. Il sera procédé à la révision de la loi n° 131-13 relative à l'exercice de la médecine pour lever les obstacles et restrictions qu'elle impose sur les médecins étrangers au Maroc. Cette mesure leur permettra d'exercer la profession dans les mêmes conditions que celles garanties par la loi à leurs homologues marocains. Il s'agit également de réviser la loi-cadre n° 34-09 relative au système de santé et à l'offre de soins afin de créer un statut de la fonction publique de santé, d'adapter la gestion du capital humain de la santé avec les spécificités des métiers de la santé, d'améliorer l'attractivité du secteur, de stimuler la composante humaine ainsi que de réformer la formation dans le domaine de la santé. Le second pilier porte sur la réhabilitation de l'offre de santé régionale à travers la mise en place de la carte sanitaire régionale et la mise en œuvre du programme médical régional. Figure également l'adoption d'une nouvelle approche en ce qui concerne l'entretien des bâtiments et des équipements médicaux, l'instauration d'une obligation du respect de la procédure des traitements et l'ouverture du capital des cliniques aux investisseurs étrangers. Le troisième pilier s'articule autour de l'adoption d'une nouvelle gouvernance du système de santé visant à renforcer les mécanismes de régulation et de contrôle du travail des acteurs ainsi que la gouvernance hospitalière et la planification territoriale de l'offre sanitaire, en créant de nouveaux organes de gestion et de gouvernance dans le secteur de la santé. Quant au quatrième pilier, il porte sur la création d' un système intégré d'information qui permettra d'exploiter toutes les données de base de l'écosystème de santé, y compris celles du secteur privé, la gestion du dossier médical partagé du patient et l'amélioration du système de facturation dans les établissements hospitaliers.