Les services de sécurité saoudiens se sont appliqués dernièrement dans leur lutte contre le terrorisme. Malgré les résultats, la menace persiste toujours. Depuis longue date, l'Arabie Saoudite a été critiquée par la communauté internationale pour être un pays qui donne naissance au terrorisme. Une image qui n'était pas totalement fausse. Dans ce pays, les idées extrémistes circulent en toute liberté. Vu que la religion est un sujet extrêmement sensible, les autorités saoudiennes sont restées pendant longtemps les bras croisés. Convaincus par l'idée que le terrorisme n'arrive qu'aux autres, les Saoudiens ont laissé les affaires traînées. Cette situation va pourtant prendre fin après le 12 mai 2003, date du triple attentat qui a secoué Ryad. Dans ces trois explosions, plus de 90 personnes ont trouvé la mort. Parmi les victimes se trouvent une douzaine d'Américains. Les attentats ont frappé un complexe résidentiel abritant des citoyens des Etats-Unis. Après cette date, il y a une prise de conscience de la part des autorités saoudiennes. C'est à partir de là, que les forces de sécurité saoudiennes ont commencé à asséner des coups terribles aux partisans d'Oussama ben Laden, le fondateur et chef d'Al-Qaïda, saoudien de naissance mais déchu de sa nationalité. Bien que les méthodes employées par les Saoudiens pour venir à bout du terrorisme demeurent inconnues en raison du black-out imposé par le régime, les résultats, quant à eux, sont impressionnants. En effet, le gouvernement contrôle l'information sous toutes ses formes et les médias sont soumis à une censure stricte. Les coups portés par les autorités ont eu pour résultat une baisse significative du nombre et de l'intensité des opérations d'Al-Qaïda. Cependant, le réseau n'a pas pour autant disparu. Ceci s'explique par le fait que le réseau d'Al-Qaïda se divise en plusieurs cellules, chaque cellule opère indépendamment des autres. Ainsi, le démantèlement d'une cellule ne signifie pas l'éradication du réseau Al-Qaïda du pays. Le 15 juin, il avait ainsi revendiqué sur Internet la responsabilité d'un attentat contre trois hélicoptères stationnés sur l'aéroport d'Al-Qassim, à 320 km au nord de Ryad, affirmant que des activistes avaient mis le feu aux trois appareils "utilisés par les forces de sécurité dans la traque des moujahidines". Le 29 mai, le ministère de la Défense avait annoncé "l'incendie" des trois hélicoptères et l'ouverture d'une enquête. Rappelons aussi que mardi dernier, les autorités saoudiennes ont publié une liste de 36 activistes islamistes recherchés, dont 15 à l'intérieur du pays. Les autorités ont reconnu ainsi implicitement que la menace d'Al-Qaïda était toujours présente dans le royaume. Les suspects, dont la télévision a diffusé les noms et les photos, sont classés en deux catégories par le ministère de l'Intérieur. Une première liste comporte les noms de 14 Saoudiens et d'un Marocain identifié comme étant Younès Mohammed Ibrahim al-Hayari, 36 ans, qui sont soupçonnés de "liens avec des incidents survenus à l'intérieur du royaume". Ce dernier a été tué à Riyad, dimanche, lors d'affrontements avec les forces de sécurité saoudiennes. Une deuxième liste de 21 personnes (15 Saoudiens, 3 Tchadiens, un Koweïtien, un Mauritanien et un Yéménite) concerne des personnes "ayant des liens avec les événements intérieurs, mais qui, selon des informations (à la disposition du ministère de l'Intérieur), se trouvent actuellement à l'extérieur du royaume". Le ministère n'a cité nommément aucun pays mais, selon des informations circulant sur des sites Internet islamistes, de nombreux Saoudiens (certains vont jusqu'à parler de milliers), pour la plupart ayant fait leurs premières armes contre l'armée soviétique en Afghanistan, opèrent actuellement en Irak, devenu le champ d'action de tous les jihadistes arabes et musulmans.