Le procès de Nadia Yassine, ouvert à Rabat mardi 28 juin, a été reporté à une date ultérieure. Le quartier de l'Océan de la capitale a été, lui, le théâtre d'un spectacle d'Al Adl Wal Ihssane savamment orchestré par la fille du cheikh. Le procès de Nadia Yassine, la fille du leader d'Al Adl Wal Ihssane, poursuivie pour atteinte à l'institution monarchique, a été reporté à une date ultérieure qui n'a pas été déterminée par les juges de la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Rabat. Cette première audience n'a pas dépassé une heure et demie. Un temps consacré pour la majorité à la défense de Nadia Yassine et Abdelaziz Gougas, directeur de «Al Oussbouîa Al Jadida», qui a formulé plusieurs requêtes dont la levée de « l'état de siège» imposé au tribunal, selon les propres termes des avocats. Une autre robe noire, parmi une cinquantaine d'avocats inscrits pour défendre les deux accusés, demandera le respect de la publicité du procès au moment où la salle N°1 était comble avec une écrasante présence de journalistes et de policiers. Publicité respectée, tranchera le juge. Face à des avocats qui se disaient prêts à aller au fond du dossier, c'est la Cour qui décidera plutôt du report pour permettre à la défense des deux accusés de préparer ses plaidoiries. Une option que permet la loi, nous assure un avocat. Après une heure et demie d'échanges entre avocats et magistrats, durée pendant laquelle Nadia Yassine n'a pas pipé le moindre mot, la salle a été évacuée dans le même climat qui a marqué les débuts de ce procès. Mardi vers 15 heures, la fille du cheikh Yassine effectuait sa descente au quartier populaire de l'Océan escortée de près de deux cents des adeptes de son père. Elle a choisi de s'arrêter à 200 mètres du siège du tribunal de première instance pour continuer à pied au milieu des siens qui répétaient la célèbre et « significative » invocation des adlistes (Hasbiya allahou wa nîma elouakil). Nadia, un autocollant sous forme de croix rouge sur la bouche, a franchi le portail du tribunal mais sans les siens empêchés par les forces de l'ordre, arrivés en grands renforts, d'accéder aux locaux de l'institution judiciaire. Elle enlèvera sa croix rouge devant les juges avant de la remettre en quittant l'enceinte du tribunal. Avec la même escorte et le même autocollant. Un show qui en dit long sur l'atmosphère que connaîtra la reprise de ce procès dans lequel Nadia Yassine est poursuivie aux côtés d'Abdelaziz Gougas. Nadia Yassine, de retour des Etats-Unis après sa célèbre sortie à l'université de Berkley, a affirmé dans une interview à « Al Oussbouîa Al Jadida» que la monarchie n'était pas «une fatalité» pour les Marocains et que le régime s'écroulerait de lui-même. Des délits que réprime la loi marocaine et que certains font, «de force», entrer dans la catégorie de la liberté d'expression. Nadia Yassine et Abdelaziz Gougas sont poursuivis en vertu des articles 41, 67 et 68 du Code de la presse. Ils risquent une peine de prison de trois à cinq ans assortis d'amendes allant de 10.000 à 100.000 dirhams. Suite à ses déclarations à « Al Oussbouîa Al Jadida », Nadia Yassine été convoquée, le 7 juin dernier, par la police judiciaire de Rabat sur ordre du procureur du Roi. Le directeur de « Al Oussbouîa Al Jadida », ainsi que les deux journalistes intervieweurs de la fille du cheikh, ont également été interrogés.