Santé, éducation, travail domestique… Le HCP publie un éclairage sur la situation de la femme au Maroc Le taux d'emploi des femmes est presque le quart de celui des hommes (16,7% contre 62,9%). Le secteur de l'«agriculture, forêt et pêche» demeure le premier employeur des femmes (44,8%) La participation des femmes au marché du travail reste relativement faible avec un taux d'activité de seulement 19,9% contre 70,4% pour les hommes. Autrement dit, plus de huit femmes sur dix sont en dehors du marché du travail. Ces chiffres chocs ont été révélés par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans une note d'information publiée à l'occasion de la Journée internationale des femmes sous le thème «Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde du Covid-19». Le taux d'emploi des femmes est presque le quart de celui des hommes (16,7% contre 62,9%). Le secteur de l'«agriculture, forêt et pêche» demeure le premier employeur des femmes (44,8%), suivi de celui des «services» (40,4%) et de l' «industrie y compris l'artisanat» (14,2%). Par ailleurs, 47,3% des femmes occupées travaillent en tant que salariées contre 51,7% pour les hommes. A noter que l'auto-emploi concerne 17,7% des femmes contre 39,8% pour les hommes. Une bonne partie d'entre elles occupe des emplois non rénumérés (35% contre seulement 8,6% pour les hommes). En 2020, en comparaison avec la période d'avant confinement, le revenu mensuel moyen des femmes actives occupées a baissé de 42% contre 52% pour les hommes. Selon la profession, le HCP signale que 8,6% des femmes actives occupées travaillent en tant que responsables hiérarchiques, cadres supérieurs et membres des professions libérales (contre 3,8% pour les hommes), ce qui correspond à un taux de féminisation de 38%. Les cadres moyens représentent 6,3% des femmes actives occupées (contre 2,4% pour les hommes), avec un taux de féminisation de 41,6%. Il faut aussi noter qu'elles sont plus nombreuses à bénéficier d'une couverture médicale. Près de 28% des femmes actives occupées bénéficient d'une couverture médicale contre 23,9% parmi les hommes, ce qui représente un écart de 4,1 points. Pour les salariés, cette part est de 57,3% contre 43,3% pour les hommes. Dans sa note, le HCP fait aussi remarquer que la part des femmes salariées ne disposant d'aucun contrat s'élève à 43,2% contre 58,2% parmi les hommes. Avec la pandémie et la sécheresse, le taux de chômage des femmes au niveau national a augmenté en 2,7 % points en 2020. Ainsi, il a enregistré une hausse aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain, respectivement de 2,7 à 3,9%. Plus de 52% des femmes sans niveau d'instruction La proportion des femmes adultes (âgées de 25 ans et plus) sans niveau d'instruction est estimée à 52,9% en 2020. Cette proportion est de 18,5% pour le primaire, 21% pour le collégial et le secondaire et 7,6% pour le supérieur. Si l'accès à l'école est presque assuré pour l'enseignement primaire, les niveaux préscolaire, collégial et qualifiant accusent encore des déficits. En effet, le taux net de scolarisation, en 2020, est de 71,9% au préscolaire, 66,8% au secondaire collégial et 37,5% au niveau qualifiant. L'indice de parité filles/garçons s'est établi à 0,96 au primaire, 0,92 au secondaire collégial et à 1,1 au secondaire qualifiant. En revanche, sur le plan sanitaire, on note une amélioration notamment au niveau du taux de mortalité maternelle. Cet indicateur est passé de 112 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2010 à 72,6 décès en 2018 (111,1 en milieu rural et de 44,5 en milieu urbain). L'autre avancée concerne le recours des femmes à la méthode contraceptive moderne ou traditionnelle avec un taux de 70,8%. Pendant le confinement, parmi les 6% des ménages ayant des femmes concernées par la santé reproductive, 34% n'ont pas accédé aux services de santé (27% en milieu urbain et 39% en milieu rural). La charge de travail quotidienne de la femme active occupée atteint en moyenne 6h 21mn Les femmes consacrent un cinquième (20,8%) de leur temps aux travaux domestiques et seulement 5,6% aux activités professionnelles. Ce qui est loin d'être le cas pour les hommes qui accordent beaucoup plus de temps à leur travail (22,6% contre seulement 3% aux travaux domestiques). Avec la pandémie, la charge de travail domestique supportée par les femmes a augmenté en moyenne journalière de 33 minutes pendant la période de confinement en comparaison à une journée normale avant le confinement. Le HCP fait remarquer que l'activité professionnelle de la femme ne la libère pas de ses responsabilités familiales. Elle continue à supporter les charges des travaux domestiques en leur consacrant quotidiennement 4h18mn, soit à peine 1h 42mn de moins que la femme au foyer. En cumulant à la fois le temps alloué aux activités professionnelles et domestiques, la charge de travail quotidienne de la femme active occupée atteint en moyenne 6h 21mn (5h 47mn en milieu urbain et 7h13mn en milieu rural). Le poids du temps réservé aux activités domestiques représente 79% de cette charge. 15% des femmes victimes de violence au travail Plus de 7,6 millions de femmes, soit 57,1%, ont subi au moins un acte de violence en 2019. La scolarisation et l'activité économique ne préservent malheureusement pas les femmes contre ce phénomène qui, rappelons-le, a pris des proportions alarmantes durant le confinement. Le contexte conjugal demeure l'espace de vie le plus marqué par la violence. La violence psychologique représente de loin la forme la plus répandue. Avec une prévalence de 46,1% (5,3 millions de femmes), le contexte conjugal est le premier espace de violence envers les femmes. Le milieu éducatif vient au deuxième rang avec 22,4% des élèves ou étudiantes ayant subi un acte de violence au cours des 12 derniers mois. Dans le milieu professionnel, 15,1% des femmes ont été victimes de violence dans l'exercice de leurs activités. Dans l'espace public, 12,6% de femmes ont subi un acte de violence. Parmi l'ensemble des femmes victimes de la violence physique et/ou sexuelle, tous contextes confondus, 22,8% ont dû supporter, elles ou leurs familles, des coûts directs ou indirects de la violence. Le coût global de cette violence est estimé à 2,85 milliards DH. En rapportant ce coût au nombre total des victimes, le coût moyen est de l'ordre de 957 DH par victime.