La Secrétaire d'Etat est considérée comme «une grande amie d'Israël», mais elle compte imposer les Européens aux Israéliens. D'autant que sa visite a eu lieu dans deux jours avant la rencontre entre les deux hommes. Deux événements ont animé la situation au Proche-Orient, dans le cadre des relations Etats-Unis-Israël-Palestine. Tout d'abord, dès l'après-midi du samedi, la Secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, est arrivée à Jérusalem. A cause des obligations du « Chabat », elle n'a pu rencontrer les officiels israéliens qu'à partir du samedi soir. Et, le dimanche matin, en partie, pour laisser la possibilité à Sharon de réunir, comme à l'habitude, son Conseil du gouvernement. Condoleezza Rice en a profité, aussi, pour se rendre à Ramallah rencontrer Mahmoud Abbas (Abou Mazen). En dehors des préoccupations du Président Bush, sa Secrétaire d'Etat est venue, en réalité dans la région, pour préparer la réunion de Sharon et de Abou Mazen, le mardi. Donc, à cause des obligations du «Chabat», pour la première fois, les Israéliens n'ont pas prévu de « tapis rouge » pour recevoir Condoleezza Rice, a titré le journal Yediot Aharonot. D'autant que celle-ci doit exiger des Israéliens un nombre de facilités au profit des Palestiniens. La Secrétaire d'Etat est considérée comme «une grande amie d'Israël», mais elle compte imposer les Européens aux Israéliens. D'autant que sa visite a eu lieu dans deux jours avant la rencontre Sharon-Abou Mazen et quelques jours avant sa participation au Congrès international concernant l'Irak qui aura lieu à Bruxelles, ainsi que la réunion des ministres des Affaires étrangères du G8 en Scotland. Les Etats-Unis sont intéressés par l'aide financière de l'Europe pour la restauration de l'Irak. C'est pourquoi, considèrent les spécialistes Itamar Ikhner et Roni Shaked, dans le journal Yediot Aharonot, la Secrétaire d'Etat fera pression sur Sharon afin qu'il remplisse tous les engagements pris à Charm Al Cheikh. En particulier, la sortie de toutes les grandes villes palestiniennes, ou l'extension des facilités pour le déplacement des Palestiniens et autres… De fait, Condoleezza Rice veut renforcer aussi bien Sharon qui est affronté à des difficultés politiques intérieures en vue du désengagement de Gaza. Elle entend lui apporter toute son aide, en exigeant de Abou Mazen, considère Itamar Ikhner, de veiller au calme sécuritaire. Tout en demandant de renforcer, également, Abou Mazen face à la montée de la position du Hamas. Donc, elle doit demander aux Israéliens de ne pas détruire les maisons des colons de Gaza et de les transférer aux Palestiniens, ainsi que les installations économiques existantes. Les spécialistes du journal Yediot Aharonot, précisent que Condoleezza Rice exige que la liberté de circulation soit accordée aux Palestiniens. De même qu'elle rappelle à Sharon de ne pas poursuivre les constructions de Maale-Adounim, ni dans aucune colonie de Cisjordanie. L'Autorité palestinienne demeure sceptique sur les espoirs développés par la Secrétaire d'Etat des Etats-Unis. « Il s'agit de beaucoup de paroles. Comme une salle de bains sans eau… » ont dit, jeudi dernier, des responsables à Ramallah, en ajoutant « tout se déroule selon le comportement de Sharon et ce n'est pas l'intervention américaine qui l'influencera… ». Dans le même journal israélien, Yediot Aharonot, un autre analyste, Alex Fishman, considère, cependant, que les Israéliens envisagent de vendre des armes légères aux Palestiniens. En attendant une décision sur des sujets sécuritaires, il a déjà été convenu de réaliser des allègements humanitaires, en particulier, dans les différents passages militaires. Et, les Palestiniens, au lieu d'acheter des engins militaires aux Russes ou aux Egyptiens, pourront être dotés de matériel israélien. D'autre part, il est prévu de laisser entrer, à Gaza, les forces palestiniennes, formées en Jordanie : les «Groupes Bader» (soit 600 à 1000 hommes). Dès jeudi dernier, signale Alex Fishman, des membres de la «Commission de coordination des opérations dans les territoires», le général Yossi Mishlav, avec le ministre de la Sécurité, Mohamad Dahlan, il a été décidé un contrôle sécuritaire plus rapide en Cisjordanie, l'étalement des heures de passage, la facilité des passages en Cisjordanie, et entre Gaza et la Cisjordanie et l'augmentation des visas d'entrée des Palestiniens en Israël… Tout cela a été arrêté dimanche, c'est-à-dire avant la réunion entre Sharon et Abou Mazen. Autrement dit grâce à l'intervention appuyée de Condoleezza Rice… Il est intéressant, aussi, de marquer l'ironie, -certains disent le tragique, selon l'analyste Shimon Shiffer dans le journal Yediot Aharonot-, de la conférence de presse, de Sharon et Condoleezza Rice après sa visite de 48 heures à Ramallah et Jérusalem. Elle annonçait l'accord des Palestiniens et des Israéliens « pour la coordination du retrait de Gaza ». Mais soudain un drame pour Sharon, l'embuscade dans le couloir de « Philadelphie » (frontière entre Gaza et l'Egypte) contre des soldats israéliens, revendiquée par le Jihad Islamique et une faction dissidente du Fatah. Condoleezza Rice a dit qu'elle venait pour « gérer » le processus en cours et s'assurer que le retrait israélien de Gaza et du Nord de Cisjordanie aura bien lieu dans deux mois. Mais aussi, de garantir que « l'investissement américain dans le plan de retrait de Sharon ne soit pas gaspillé ». Son espoir est que le retrait « provoque un tremblement de terre dans la région et marque, peut-être, le début de la fin du conflit ». En fait, affirme Shimon Shiffer, «sur un fond d'impasse et de stagnation en Irak, la Secrétaire d'Etat espère un miracle », sous la forme d'une reprise du processus de paix au Proche-Orient. Elle a refusé, catégoriquement, de laisser à Sharon la fourniture des armes légères aux forces palestiniennes. Elle envisage la construction d'un port, à Gaza, après le désengagement… Eventuellement en se servant, pour les quais, des débris des maisons des colons qui seraient détruites…