Le nouveau roman de Mohamed Ennaji, «Le Secret de la Lettre», vient de paraître chez la maison d'édition La Croisée des Chemins. A travers cette œuvre, l'auteur porte un regard tant sur l'enfance, celle qui reste en nous pour nous rappeler qui nous sommes, sur le dialogue interne et sur l'éducation, qu'elle soit sur les bancs de l'école ou sur les tapis du msid. Surprise, tendresse, colère, révolte, ce roman se révèle au fur et à mesure et fait passer les lecteurs et les lectrices par toute une palette d'émotions. «Je quittais le msid pour l'école. J'y laissais ma tablette en bois, au verbe figé, pour une ardoise que je pouvais effacer à ma guise, parce que les mots n'y étaient pas sacrés, parce qu'on pouvait y écrire une phrase de son cru, puis une autre à sa place, une autre encore, et autant qu'on voulait, sans blasphémer le moins du monde. L'infini consacré dont je provenais, celui de l'école coranique, se révélait, en fin de compte, un champ de connaissance fini, borné, sans horizon. Curieusement, je découvrais, avec l'erreur, l'infini. Je pouvais me tromper sans encourir de courroux ! On commettait une erreur, un premier pas pour aller vers la vérité, puis une autre après elle et, d'erreur en erreur, on allait vers une vérité qui pouvait, à son tour, se révéler, comme par une usure naturelle, une erreur. Et ainsi de suite», peut-on lire dans un extrait du roman. Pour noter, Mohammed Ennaji est écrivain, historien, essayiste et professeur à l'Université Mohammed V de Rabat. Ses ouvrages sur le pouvoir, le religieux, les rapports sociaux, font référence sur le plan international. Il est publié au Maroc mais aussi à Madrid, Paris, New York et Le Caire. Parmi ses dernières publications, «Le Corps enchaîné. Comment l'islam contrôle la femme» (La Croisée des Chemins, 2019), «Les Beaux noms de Dieu» (Falia, 2016), «Ma page Facebook, une quête identitaire» (La Croisée des Chemins, 2015) et «Le Fils du prophète» (La Croisée des Chemins, 2014).