Le sommet “Dialogue 5+5“ qui réunit les 5 et 6 décembre à Tunis les pays du Maghreb et leurs homologues d'Europe du Sud, sera consacré principalement au terrorisme et à l'émigration clandestine. Auparavant, Colin Powell a visité les trois pays maghrébins. L'intégration maghrébine passe inéluctablement par le règlement du conflit factice du Sahara qui empoisonne les relations entre le Maroc et l'Algérie. Les observateurs attendent d'ailleurs une rencontre au sommet entre S.M le Roi Mohammed VI et le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Les chefs d'Etat des pays membres du "Forum 5+5" regroupant les cinq Etats du Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie, Mauritanie et Libye) et les cinq pays européens du bassin occidental de la Méditerranée (Espagne, Portugal, France, Italie et Malte) se réunissent à partir de demain à Tunis. Cette réunion au sommet sera l'occasion pour les pays des deux rives de l'ouest de la Méditerranée d'aborder plusieurs sujets d'intérêt régional et de se concerter sur les grandes questions d'actualité internationales. Les chefs d'Etat se pencheront ainsi durant deux jours sur plusieurs dossiers qui sont à l'ordre du jour de leur rencontre notamment la concertation politique, le dialogue entre les cultures et civilisations, la stabilité, la sécurité, la migration, la coopération économique et l'intégration régionale. Afin de préparer ce Forum qui constitue la plus importante plate-forme de dialogue euro-maghrébin, les pays du Maghreb ont tenu plusieurs réunions de préparation. Ainsi, plusieurs rencontres au niveau des experts se sont ainsi tenues dans différentes capitales et une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l'UMA a eu lieu à Alger pour la coordination des positions sur ces questions et l'élaboration d'une approche rénovée et d'une vision commune dans l'objectif de se présenter en rangs serrés face aux défis à relever sur les plans politique, économique et socioculturel. S'agissant de la concertation politique, les cinq pays du Sud et leurs voisins du Nord de la Méditerranée débattront des moyens à même de renforcer les mécanismes de consultations politiques sur les dossiers d'actualité internationale et régionale. Avoir des positions rapprochées sur certains conflits internationaux notamment ceux du Proche-Orient et de l'Irak s'avère aujourd'hui nécessaire puisqu'ils ont une répercussion directe sur la stabilité de la région. Cette stabilité qui ne peut avoir lieu sans un véritable dialogue entre les cultures qui constitue l'un des thèmes principaux qui seront abordés lors de ce sommet. Rappelons que les derniers développements sur la scène internationale notamment la guerre contre le terrorisme a créé en Occident un amalgame entre l'Islam et cette menace d'où la nécessité pour les pays de la région d'établir des canaux de communication entre les civilisations méditerranéennes. Toutefois, la lutte contre le terrorisme nécessite aussi une meilleure coordination entre les dix pays membres du Forum en matière de sécurité. Le Sommet de Tunis sera donc l'occasion pour les pays maghrébins et européens de finaliser une politique de coopération en ce domaine. Parmi les thèmes qui accapareront certainement les débats, figure le dossier de la migration notamment dans son côté clandestin. Un sujet qui constitue aujourd'hui l'une des principales préoccupations des pays riverains de la Méditerranée. À ce propos, les pays du Maghreb estiment que la question de l'immigration clandestine ne peut être réglée uniquement sous une approche sécuritaire. La mise sur pied d'une véritable politique de co-développement des zones pauvres à fort potentiel migratoire reste la meilleure manière de combattre ce phénomène. Outre ces différentes thématiques, l'affaire du Sahara marocain qui demeure le principal obstacle devant une cohésion effective entre les pays du Maghreb et rend difficile toute tentative d'aller de l'avant dans la construction d'un espace euro-maghrébin de stabilité, de coopération et de dialogue. Certains observateurs s'attendent à ce que le Sommet soit l'occasion pour le président français, Jacques Chirac, d'organiser une rencontre entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le chef de la république algérienne, Abdelaziz Bouteflika. Une rencontre qui n'a pas été confirmée officiellement. Mais, il faut signaler que la position de la communauté internationale est de plus en plus unanime sur la nécessité d'établir un dialogue entre le Maroc et l'Algérie comme l'unique voie pouvant aboutir à résoudre le conflit artificiel provoqué autour du Sahara marocain. Cette position défendue par la France dont le président Jacques Chirac a été le premier à appeler à une solution politique négociée entre Rabat et Alger. Une position à laquelle vient d'adhérer l'Administration américaine. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, en tournée dans les pays du Maghreb qui a été programmée à la veille du sommet de Tunis, a déclaré, mardi, qu'il est "temps pour le Maroc et l'Algérie d'entamer des négociations sérieuses" pour aller de l'avant et trouver une solution au problème du Sahara. Répondant, lors d'une conférence de presse, à une question sur la possibilité de trouver une solution au problème du Sahara, le chef de la diplomatie américaine a indiqué que "c'est le moment de trouver une solution" à cette question, qui, a-t-il précisé, sera évoquée lors de ses entretiens au Maroc et en Algérie. Rappelons que les Etats-Unis aspirent actuellement à jouer un rôle important dans la région maghrébine moyennant le développement de ses relations politiques, militaires et économiques avec les pays du Maghreb notamment le Maroc et l'Algérie. Mais, Washington estime que les pays du Maghreb devraient avancer dans leur projet d'union pour qu'ils puissent se transformer en un marché potentiel pour ce pays. En somme, la tournée de Powell et le Sommet du Forum 5+5 auront certainement un impact sur la question de l'intégrité territoriale marocaine puisque le consensus est en train de se former autour d'une solution négociée entre le Maroc et l'Algérie. Mais, encore faut-il que la communauté internationale puisse convaincre le régime algérien d'adhérer à cette vision.