Colin Powell vient de sonner le tocsin en appelant l'Algérie à engager des discussions avec le Maroc sur la question du Sahara. La tension dans le Maghreb sert le terrorisme international. Le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, vient d'engager une tournée éclair dans les trois principaux pays du Maghreb, la Tunisie, le Maroc et l'Algérie où il a eu des entretiens avec le président Zine El Abidine Benali, SM le Roi Mohammed VI et le président Abdelaziz Bouteflika. Au menu de ces rencontres, se trouve en premier lieu la question du Sahara marocain, la véritable clé pour l'apaisement définitif de la tension dans le Maghreb. Mais, comme d'habitude, le règlement de cette question se heurte jusqu'à présent à une volonté hostile des voisins algériens à l'intégrité territoriale du Royaume, lesquels continuent encore de rêver d'une parcelle de territoire marocain ou d'un Etat microscopique à leur proximité, pouvant leur servir de tremplin pour imposer leurs visées hégémoniques dans la région. Bien entendu, abstraction faite des stratégies locales des pays maghrébins, pour les Etats-Unis d'Amérique, il est temps pour le Maroc et l'Algérie d'engager des négociations directes en vue de résoudre ce problème et d'aller de l'avant dans l'édification de l'UMA, en tant que marché socio-économique commun pouvant constituer un interlocuteur crédible vis-à-vis des blocs internationaux. « Nous pensons qu'il est temps que le Maroc et l'Algérie entament des discussions sérieuses sur les moyens d'avancer », a dit M. Powell, lors d'une conférence de presse à Tunis, avant d'ajouter en termes tranchants : « Je suis sûr que c'est le genre de conversations que j'aurai au Maroc et en Algérie ». La tournée de M. Powell permet également de donner un regain de visibilité à la diplomatie américaine en Afrique du Nord, à un moment où les Européens sont dynamiques et présents. L'autre aspect de cette tournée porte sur la lutte contre le terrorisme qui constitue, à l'heure actuelle, le cheval de bataille des USA dans le monde. L'ambassade américaine à Rabat vient de déclarer à cet effet que la visite de M. Powell « devrait être consacrée à la sécurité régionale et à l'engagement des pays du Maghreb dans la lutte internationale contre le terrorisme ». Les mêmes propos ont été tenus, à ce sujet, en Algérie, par l'ambassade des USA dans ce pays. Les Etats-Unis ont renforcé leur coopération militaire et économique, notamment dans les hydrocarbures, avec l'Algérie et envisagent de créer une base militaire sur le plateau du Hoggar, dans le sud du pays. En outre, ils ne cachent pas leur crainte de voir la région du Sahel qui s'étend de la Mauritanie au Soudan devenir une zone de repli pour les membres d'Al Qaïda et les organisations terroristes qui lui sont inféodées. Des spécialistes de la lutte antiterroriste réunis récemment à Singapour affirment que le Maghreb, qui est travaillé au corps par les islamistes, pourrait devenir dans les prochaines années le quartier général d'où partiront des ordres pour des attaques contre des cibles en Europe et les intérêts occidentaux dans le monde arabe. Le Groupe islamique armé (GIA), le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et la Djamaât houmat eddaâwa essalafia (HDS), qui agissent en Algérie, figurent sur la liste noire du département d'Etat. Les Américains soupçonnent depuis cet été ces trois organisations terroristes algériennes de chercher à se déployer à l'étranger, notamment en Espagne et en Grande-Bretagne, pour porter atteinte à leurs intérêts en Europe. Il est donc de l'intérêt du monde entier d'œuvrer pour trouver une solution pacifique à cette question dont certains éléments de règlement passent par l'adoption d'une solution à la question du Sahara marocain et l'éradication du terrorisme qui sévit en Algérie et trouve dans les forces armées séparatistes un appui et un élément de déstabilisation de la région.