Le niveau de scolarisation et l'activité économique ne constituent pas des facteurs de protection Les violences sexuelle et économique ont augmenté ces dix dernières années. Celles-ci ont enregistré des augmentations notables de l'ordre de 5 et 7 points passant respectivement de 9% à 14% entre 2009 et 2019 et de 8% à 15%. En revanche, les violences psychologiques et physiques ont connu une baisse par rapport à 2009 de 9 et de 2 points respectivement (passant de 58% à 49% et de 15% à 13% respectivement). C'est ce que révèle le HCP dans son rapport sur les violences faites aux femmes et aux filles, relatif à l'enquête nationale sur les violences à l'encontre des femmes et des hommes 2019. Autre donnée importante à signaler: le niveau d'instruction ne protège pas les femmes de la violence conjugale. En effet, une femme sur deux ayant un niveau scolaire, allant du primaire jusqu'au supérieur, subit au moins un acte de violence conjugale, alors que la prévalence parmi les femmes n'ayant aucun niveau scolaire (40,1%) reste inférieure à la moyenne nationale. Le HCP explique cette situation par le fait que la scolarisation rend les femmes plus sensibles aux rapports de domination masculine et à la violence fondée sur le genre. En effet, de toutes les formes de violence, c'est la violence psychologique qui est la plus endurée par près de la moitié des femmes de niveau scolaire secondaire, collégial ou qualifiant ou supérieur, contre 36,5% de femmes sans niveau. Pour ne prendre que les deux niveaux de scolarité extrêmes, entre 4 à 5 femmes de niveau supérieur sur 100 subissent la violence physique (4,1%) ou la violence sexuelle (4,6%), tandis que pour les femmes sans niveau, ces prévalences sont respectivement de 9,7% et 6,4%. En outre, l'activité économique des femmes ne constitue pas, non plus, un facteur de protection contre la violence conjugale. En effet, le taux de prévalence est de 48,3% parmi les femmes qui sont sur le marché du travail contre 45,3% parmi les inactives. La taille du ménage constitue également l'un des facteurs de risque de la perpétuation de la violence dans ce contexte. Plus le ménage est grand, plus les risques de violence sont élevés. Ainsi, la prévalence dépasse 50% dans un ménage qui compte quatre personnes ou plus, alors qu'elle est de 46,2% pour celui composé de trois personnes et de 34,4% pour les ménages composés de deux personnes. Par ailleurs, les filles et les femmes âgées de moins de 50 ans constituent la tranche d'âge la plus exposée aux différentes formes de violences et pour laquelle la prévalence dépasse la moyenne nationale, particulièrement les jeunes âgées de 15-19 ans et de 20-24 ans avec des taux respectifs de 70,7% et 65,8%. Plus les femmes sont âgées, moins elles sont victimes de la violence fondée sur le genre. Elles sont 51,6% dont l'âge se situe entre 50-54 ans à être touchées par la violence, 46,8% parmi celles âgées de 55-59 ans et 33,2% parmi celles âgées de 60-74 ans. 1,5 millions de Marocaines victimes de cyberviolence Les résultats de l'enquête montrent que près de 1,5 million de femmes sont victimes de cyberviolence, soit une prévalence de 13,8%. Le milieu urbain est plus touché (15,5%) contre 9,4% pour le milieu rural (9,4%). Après la région de Casablanca-Settat (19,4%), ce sont les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (17,5%) et de Souss-Massa (16,1%) qui ont compté le plus de victimes. Le risque est encore plus élevé parmi les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans (24,4%), celles ayant un niveau d'enseignement supérieur (25,4%), les célibataires (30,1%) et les élèves et étudiantes (35,7%). La violence électronique est surtout perpétrée par des hommes (86,2%), et particulièrement des hommes inconnus (72,6%). Cela dit, 3,6% des victimes désignent aussi comme responsables des membres de la famille, à savoir 3,3% des amis, 4,3% incriminent les conjoints, 4,3% pointent les enseignants et les camarades d'école et 3,6% des hommes dans le cadre du travail.