La "cyberviolence", nouvelle forme de violence qui s'est développée avec l'arrivée des nouvelles technologies de l'information et de la communication et l'expansion des réseaux sociaux, touche près de 1,5 million de femmes au Maroc, selon une enquête élaborée par le Haut-commissariat au Plan (HCP). "Avec une prévalence de 14%, près de 1,5 million de femmes sont victimes de violence électronique au moyen de courriels, d'appels téléphoniques, de SMS, etc", indique cette enquête réalisée entre février et juillet 2019 et dont les premiers résultats sont publiés à l'occasion de la campagne nationale et internationale de mobilisation pour l'élimination de la violence à l'encontre des femmes. Le risque d'être victime de ce type de violence est plus élevé parmi les citadines (16%), les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans (29%), celles ayant un niveau d'enseignement supérieur (25%), les célibataires (30%) et les élèves et étudiantes (34%), relève le HCP, précisant que cette forme de violence est dans 77% des cas le fait d'une personne inconnue. L'enquête révèle que le harcèlement sexuel est le principal acte de violence faite aux femmes dans les lieux publics où 13% sont violentées au cours des 12 derniers mois (1,7 million de femmes), 16% en milieu urbain et 7% en milieu rural. Le reste des cas de cyberviolence revient, à parts égales de près de 4%, à des personnes ayant un lien avec la victime notamment le partenaire, un membre de la famille, un collègue de travail, une personne dans le cadre des études ou un(e) ami(e). Cette prévalence est prépondérante parmi les femmes jeunes âgées de 15 à 24 ans (22%), les célibataires (27%), les femmes ayant un niveau d'enseignement supérieur (23%) et les ouvrières (23%), fait remarquer le HCP, ajoutant que 49% des cas de violence commis dans ces lieux sont en majorité imputables au harcèlement sexuel, 32% à la violence psychologique et 19% à la violence physique. Suite à l'incident de violence physique et/ou sexuelle le plus grave subi par les femmes au cours des 12 derniers mois, 10,5% des victimes de violences contre 3% en 2009 (près de 18% pour la violence physique et moins de 3% pour la violence sexuelle) ont déposé plainte auprès de la police ou d'une autre autorité compétente. Elles sont moins de 8% à le faire en cas de violence conjugale contre 11,3% pour la violence non conjugale. La résolution du conflit par consentement, l'intervention de la famille, la crainte de la vengeance de l'auteur de violence, le sentiment de honte ou d'embarras particulièrement en cas de violence sexuelle, sont les principales causes qui empêchent les victimes à déposer une plainte auprès des autorités compétentes. Le recours des victimes à la société civile suite à la survenue de l'incident de violence ne concerne que 1,3% des femmes. Il est de 2,5% pour les victimes de la violence conjugale contre 0,3% en cas de violence dans les autres cadres de vie. Cette enquête a couvert l'ensemble du territoire national, avec un échantillon de 12.000 filles et femmes et 3.000 garçons et hommes âgés de 15 à 74 ans.