Les filles et les femmes âgées de moins de 50 ans constituent la tranche d'âge la plus exposée aux violences, et 82,6% des femmes de 15 à 74 ans ont subi au moins un acte de violence, toutes formes confondues, durant leur vie, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP) "Les filles et les femmes âgées de moins de 50 ans constituent la tranche d'âge la plus exposée aux différentes formes de violences et pour laquelle la prévalence dépasse la moyenne nationale, particulièrement les jeunes âgées de 15-19 ans et de 20-24 ans avec des taux respectifs de 70,7% et 65,8%", détaille le HCP dans son dernier rapport sur les violences faites aux femmes et aux filles, relatif à l'enquête nationale sur les violences à l'encontre des femmes et des hommes de 2019.
Plus les femmes sont âgées, moins elles sont victimes de la violence fondée sur le genre, relève la même enquête, notant qu'elles sont 51,6% dont l'âge se situe entre 50-54 ans à être touchées par la violence, 46,8% parmi celles âgées de 55-59 ans et 33,2% parmi celles âgées de 60-74 ans. La scolarisation des femmes, quant à elle, ne prémunit pas contre la violence, puisque les femmes scolarisées subissent davantage de violence : La prévalence est de 62,7% parmi les femmes ayant un niveau supérieur, près de 65% parmi celles ayant un niveau secondaire collégial ou secondaire qualifiant, contre 49,6% parmi les femmes sans aucun niveau scolaire, note la même source. Selon le type d'activité, les femmes professionnellement inactives, en particulier les femmes au foyer sont moins sujettes à la violence (54,8%) que leurs homologues actives occupées (64,2%) et encore moins que les femmes chômeurs (73,5%).
Le harcèlement sexuel, principal acte de violence faite aux femmes dans les lieux publics Pour ce qui est des violences faites aux femmes dans les lieux publics, le HCP révèle que le principal acte de cette nature reste le harcèlement sexuel. Parmi les 12,6% des femmes qui ont été violentées dans les lieux publics durant les 12 derniers mois, 7,7% ont été victimes de violence sexuelle, 4,9% de violence psychologique et 3% de violence physique, précise le HCP. "Ce sont les femmes citadines qui sont les plus exposées à la violence sous toutes ses formes", fait savoir la même source, notant que la prévalence atteint 15,6% en milieu urbain, le double de celle enregistrée en milieu rural (7,1%). Aussi, elles sont 9,5% de femmes citadines à être victimes de violence sexuelle (contre 4,2%, en milieu rural), 3,8% ont subi une violence physique (contre 1,5%) et 6,2% ont enduré une violence psychologique (contre 2,6%), relève le HCP, soulevant que les violences physique et/ou sexuelle font 12,2% de victimes citadines (contre 5,3%). Selon l'enquête, la violence sexuelle dans l'espace public représente, à elle seule, 50% de l'ensemble des violences sexuelles vécues par les femmes, tous espaces confondus, et 81% des violences sexuelles vécues dans les espaces hors conjugal. Les violences, toutes formes confondues, touchent davantage les filles et les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans (22%), les célibataires (27%), les élèves et les étudiantes (36,5%), les femmes ayant un niveau d'enseignement supérieur (23%) et les ouvrières (23%).
La cyberviolence touche principalement les citadines Dans un autre registre, le HCP attire l'attention sur la cyberviolence, qui touche principalement les citadines, les jeunes femmes, les étudiantes et les célibataires, selon le même rapport. Près de 1,5 million de femmes sont victimes de cyberviolence, soit une prévalence de 13,8%, note l'institution statistique, faisant savoir qu'avec 15,5%, le milieu urbain est plus touché que le milieu rural (9,4%). Après la région de Casablanca-Settat (19,4%), ce sont les régions de Tanger-Tétouan- Al Hoceima (17,5%) et de Souss-Massa (16,1%) qui ont compté le plus de victimes, note la même source. Selon la même enquête, le risque est encore plus élevé parmi les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans (24,4%), celles ayant un niveau d'enseignement supérieur (25,4%), les célibataires (30,1%) et les élèves et étudiantes (35,7%), relevant que cela pourrait être dû à un usage de plus en plus fréquent des technologies de communication et des réseaux sociaux par cette catégorie. La violence électronique est surtout perpétrée par des hommes (86,2%), et particulièrement des hommes inconnus (72,6%). Mais 3,6% de victimes désignent aussi comme responsables des membres de la famille, 3,3% des amis, 4,3% incriminent les conjoints, 4,3% pointent les enseignants et les camarades d'école et 3,6% des hommes dans le cadre du travail.
Inscrite dans l'élan de production, de diffusion et d'utilisation de statistiques sensibles au genre en appui aux politiques publiques, la réalisation de l'enquête nationale sur la violence à l'encontre des femmes et des hommes 2019 contribue aux efforts du Maroc dans le suivi de la mise en œuvre de l'Agenda 2030, et plus particulièrement de l'ODD 5, dédié à l'égalité entre les sexes. Cette enquête a été réalisée avec l'appui de l'ONU-Femmes, entre février et juillet 2019, auprès d'un échantillon de 12000 filles et femmes et de 3000 garçons et hommes, âgés de 15 à 74 ans, représentant les diverses couches sociales et les régions du pays. L'enquête 2019, tout en permettant d'appréhender les différentes formes de violence et contextes de leur survenue, aborde les déterminants de la violence, les perceptions sociales ainsi que les impacts sociaux et économiques engendrés par cette violence sur l'individu, le ménage et la société. * Coût social et économique pour la violence à l'encontre des femmes : Le HCP livre des données révélatrices