Saâd Hariri et 18 de ses partisans ont remporté, le dimanche 29 mai, haut la main l'ensemble des 19 sièges dans la capitale libanaise. Les prochaines étapes des législatives auront lieu les 5, 12 et 19 juin dans d'autres régions du pays. Libéré depuis un mois de trente ans de tutelle syrienne, le Liban, pays du cèdre, était au rendez-vous, le dimanche 29 mai, avec l'histoire. En effet, les Libanais se sont rendus, ce wek-end, aux urnes pour accomplir, pour la première fois, leur devoir de vote dans la capitale, Beyrouth, sans la présence militaire des Syriens. Cette première phase des élections législatives libanaises s'est soldée par la victoire du courant Futur de Saâd Hariri, fils de l'ex-premier ministre sunnite, Rafic Hariri, assassiné en février dernier. Ainsi, le camp Hariri a remporté l'ensemble des 19 sièges à pourvoir dans la capitale libanaise. « Cette victoire est celle de Rafik Hariri et elle va se poursuivre dans le reste du Liban», a affirmé Saâd Hariri à ses partisans venus le féliciter chez lui. Agé de 35 ans, cet homme d'affaires fait donc son entrée en fanfare sur la scène politique. Un accueil chaleureux lui a été réservé dans plusieurs quartiers de Beyrouth. Sur les pas de son père, ce jeune député est devenu désormais l'incarnation d'un Liban nouveau. Par ailleurs, ces résultats ne sont pas surprenants. Les partisans du courant “Futur” de Saâd Hariri étaient sûrs de remporter une grande majorité des sièges en raison du retrait de leurs rivaux. Cependant, malgré cette victoire et les multiples appels lancés par Hariri aux électeurs de se rendre aux urnes, ces premières élections, qui surviennent un mois après le retrait militaire syrien, ont connu un taux de participation relativement faible. Selon le ministre de l'Intérieur, ce taux est estimé seulement à 28 %. Un pourcentage relativement faible par rapport à celui enregistré lors des dernières législatives en 2000 et qui avait atteint 33,8 %. Ce faible taux de participation est dû, selon certains observateurs, aux appels au boycottage du scrutin lancés par les partisans du général chrétien, Michel Aoun, autre chef de l'opposition qui avait récemment regagné le pays après quatorze ans d'exil. Après avoir rompu avec ses alliés anti-syriens, Michel Aoun a préféré faire cavalier seul. Malgré les multiples négociations menées ce dernier mois, l'opposition anti-syrienne n'a pas réussi à maintenir l'unité de ses rangs, affichée le lendemain de l'assassinat de Rafik Hariri. En effet, l'opposition, qui avait présenté un front uni après l'annonce du meurtre de l'ex-Premier ministre libanais, obligeant ainsi la Syrie à accélérer son retrait militaire du Liban, sous les pressions conjuguées du peuple libanais et de la communauté internationale, se présente divisée au scrutin. Rappelons que ces élections législatives visent à élire 128 députés du Parlement, répartis entre musulmans, chiites et chrétiens. Elles se poursuivront dans d'autres régions du Liban le 5 juin dans le sud, le 12 juin au Mont Liban et le 19 du même mois dans le nord du pays, sous une supervision internationale, avec la présence sur le terrain d'une centaine d'observateurs de l'Union européenne (UE) et des Nations unies. Pour éviter un vide constitutionnel, le mandat du Parlement sortant, qui se termine le 30 mai, a été prorogé jusqu'au 20 juin.