Le dirigeant chrétien fait un retour en force sur le devant de la scène politique libanaise en remportant dimanche 21 sièges des 58 à pourvoir, lors du troisième tour des législatives libanaises. Les résultats du troisième tour des législatives libanaises, qui a eu lieu dimanche dernier, ont dépassé toutes les prévisions des observateurs et hommes politiques de la région. En effet, le dirigeant chrétien Michel Aoun a raflé 21 sièges des 58 à pourvoir. La quasi-totalité des sièges a été remportée dans les circonscriptions chrétiennes du Mont-Liban alors que son rival Walid Joumblatt confirmait sa dominance dans les régions mixtes. Selon les chiffres officiels, la coalition menée par le chef druze Walid Joumblatt a décroché 27 sièges et le Hezbollah chiite 10 dans la vallée de Bekaa. Cette grande victoire électorale du Courant patriotique libre (CPL) de Michel Aoun, rentré d'un exil de 14 ans en France à peine quelques semaines, change la donne politique au Liban. Désormais chef indéniable de l'opposition chrétienne, le général inflige ainsi un coup dur à l'opposition anti-syrienne rassemblée autour de Walid Joumblatt et de Saâd Hariri, fils de l'ex-Premier ministre assassiné Rafic Hariri, qui espérait contrôler la majorité dans la nouvelle chambre. Les premières étapes du scrutin, qui se sont déroulés à Beyrouth et au sud du Liban, avantageaient effectivement le Courant Futur de Saâd Hariri et ses partisans. Ils avaient remporté les 19 sièges en lice dans la capitale libanaise alors que le Hezbollah et son allié chiite Amal avaient fait main basse sur les 24 sièges dévolus au Liban Sud. Le scrutin de dimanche a, au contraire, favorisé le mouvement du général Aoun. Ce dernier a effectivement écarté des personnalités de premier plan de l'opposition chrétienne alliées à M. Joumblatt, dont Nassib Lahoud, cousin et farouche opposant au chef de l'Etat Emile Lahoud. La cohésion de l'opposition libanaise qui se dessinait à l'horizon au lendemain de l'assassinat de Rafic Hariri se trouve aujourd'hui très divisée. Selon le général Aoun, le clivage politique, après le retrait de la Syrie, est désormais entre « réformateurs », partisans d'une réforme du système politique confessionnel et « traditionalistes » attachés à ce système. Il convient de noter que le scrutin, qui s'est déroulé dans deux régions, Mont Liban, près de Beyrouth, et la plaine de la Bekaa dans l'est du pays, a connu une forte participation des électeurs. Le taux de participation est estimé en moyenne à 54 %. Mieux, dans certaines circonscriptions, le taux a franchi les 60 %. En somme, les trois premières phases des législatives ont permis de combler les 100 sur 128 sièges du nouveau Parlement, composé à égalité entre chrétiens et musulmans. Dernière étape électorale au cours de laquelle les 28 sièges restants seront disputés, se tiendra dimanche prochain au Liban Nord. Le général Aoun y présentera quatre candidats, dont trois sur la même liste que le député Soleiman Frangié, proche du Président syrien Bachar al-Assad. Ils feront face aux candidats de l'opposition regroupés autour du courant Hariri.