La banque centrale préfère temporiser là où la commission des finances veut foncer Selon le chef de la commission parlementaire des finances, le Maroc doit rapidement renouveler une LPL avec le FMI pour l'aider à surmonter les séquelles de la pandémie. La ligne de précaution et de liquidité (LPL) divise les institutions. En tout cas, les députés et la banque centrale ne semblent pas être sur la même longueur d'onde. C'est plutôt rare que les rôles soient inversés. Pourtant c'est le cas aujourd'hui entre Bank Al-Maghrib (BAM) et le Parlement à travers la commission parlementaire permanente des finances et du développement économique à la Chambre des représentants. Alors que la banque centrale veut prendre du temps avant de décider au sujet de la reconduction de la LPL, le président de ladite commission parlementaire veut aller plus vite. En effet, Abdellah Bouanou, président de la commission parlementaire permanente des finances et du développement économique, a réagi au sujet avec l'agence d'information économique internationale, Bloomberg. «Le Maroc doit renouveler rapidement une ligne de crédit avec le Fonds monétaire international pour l'aider à surmonter les séquelles de la pandémie, a déclaré le chef de la commission parlementaire des finances», lit-on chez Bloomberg. «Le gouvernement et le ministère des finances sont «bien conscients de la nécessité de renouveler» l'accord avec le FMI, a déclaré Abdellah Bouanou lors d'un entretien téléphonique, signe que le Parlement est susceptible de soutenir cette décision», ajoute la même source. Une position qui tranche avec celle prise par le wali de la banque centrale, Abdellatif Jouahri, il y a quelques semaines. Lors de son point de presse trimestriel en septembre dernier, le wali de Bank Al-Maghrib avait laissé entendre que la conjoncture actuelle n'était pas propice au renouvellement de l'accord liant le Maroc au Fonds monétaire international au titre de la ligne de précaution et de liquidité. «Si vous voulez renégocier la LPL, il faut remplir les critères d'éligibilité qui sont au nombre de cinq, dont deux requérant une certaine souplesse de la part du FMI», avait-il répondu à la presse alors ajoutant que les réserves de change sont suffisantes pour la gestion de la situation actuelle. Dans ce sens, au cours des derniers mois, le Maroc a pris des mesures importantes pour renforcer son matelas de devises afin de faire face aux chocs éventuels générés par la pandémie du coronavirus. En plus des trois milliards de dollars de la LPL, des fonds importants ont été mobilisés en devises auprès des partenaires bilatéraux et multilatéraux. Ainsi, les dernières statistiques de la banque centrale montrent qu'au 20 novembre 2020, l'encours des avoirs officiels de réserve s'est établi à 292,8 milliards de dirhams (MMDH), en progression de 0,5%, d'une semaine à l'autre, et de 24,2% en glissement annuel. Si le gouvernement à travers le ministère des finances a son mot à dire pour décider des moyens d'augmenter les réserves en devises qui couvrent désormais plus de 7 mois d'importation, les avis de la banque centrale jouissent aussi d'une crédibilité à l'échelle nationale et internationale. D'ailleurs, les trois milliards de dollars retirés par le Maroc au titre de la dernière LPL en mars dernier ont été mis à la disposition de BAM par le FMI. Cela dit, le Parlement peut aussi jouer un rôle. Il faut préciser que l'accord établi entre le Maroc et le Fonds monétaire international arrive à échéance à la fin de l'année en cours. Reste à savoir si le gouvernement va procéder au renouvellement le plus rapidement possible ou bien il prendra le temps nécessaire. Wait and see… Retrait Il y a tout d'abord le tirage effectué début avril sur la totalité de la LPL auprès du FMI d'une valeur de 3 milliards de dollars US. Les responsables marocains, en pleine gestion de crise, avaient à l'époque préféré jouer la prudence et renforcer le matelas de devises en perspective d'une détérioration probable. Les réserves devraient suivre cette même tendance au moins jusqu'à la fin de l'année. La dernière sortie internationale effectuée par le Maroc confirme ce cheminement. De même, le redressement des exportations et la limitation des importations pèsent considérablement.