Faut-il voir dans ce qui se passe à Laâyoune un échec des politiques menées ici depuis trois décennies au moins ? Comme par hasard, la colère a explosé à Laâyoune quelques jours après le report du sommet de l'UMA qui devait avoir lieu à Tripoli. Faut-il voir dans ces événements une main des adversaires fidèles de l'intégrité territoriale du Royaume ? Sur le terrain, le détonateur aura été un geste somme toute ordinaire des autorités judiciaires, transférer un détenu de la prison de la ville du nom de Haddi El Kainan, à celle de Aït Melloul à Agadir. Il n'en fallait pas plus pour que des émeutes éclatent obligeant les forces de police à charger les manifestants pour maintenir l'ordre public. De drôles de manifestants en fait. Il s'agit de sympathisants du Polisario qui depuis quelque temps agissent à visage découvert allant même jusqu'à afficher les drapeaux de la chimérique RASD. La provocation à l'état pur. Le prisonnier lui-même, par qui ces émeutes sont arrivées, est un Sahraoui, inculpé pour trafic de drogue, qui a récemment adressé au procureur une correspondance où il demande d'être déchu de sa nationalité marocaine au profit de celle du Polisario ! Rien de moins. Toute cette affaire semble donc cousue de fil blanc, nourrie, il est vrai, d'une gestion locale dont les grandes lignes sont héritées de l'époque Basri . Ce qui a changé par contre, c'est le vent de liberté extrême qui souffle sur l'ensemble du pays y compris au Sahara. Cette nouvelle situation a engendré une espèce de séparatisme défendu publiquement et impunément par des gens comme Ali Salem Tamek qui est apparemment en train de faire des petits. À partir de là, toutes les manipulations sont possibles. Pire, l'ennemi n'a aucun mal à s'installer au Maroc et à y opérer de l'intérieur et ce qui était impossible à faire hier soit par crainte soit par d'autres moyens est devenu aujourd'hui toléré au-delà de toute espérance. Le reste n'est que discours de justification et d'habillage. Ainsi, on prend, à chaque fois qu'il y a une manif dans les provinces du Sud, prétexte du malaise qui frappe les pauvres jeunes de Laâyoune pour valider leur révolte, en vérité gérée en sous-main par le Polisario et ses soutiens pour des raisons très claires. Or, ces jeunes du Sahara soi-disant paumés sont beaucoup mieux lotis que leurs congénères de nombre de régions du pays qui en plus ne bénéficient pas du traitement d'exception en vigueur dans les provinces du Sud. Faut-il voir dans ce qui se passe à Laâyoune un échec des politiques menées ici depuis trois décennies au moins ? En tout cas, le résultat est là, qui appelle d'urgence à une autre stratégie où la fermeté et la vigilance doivent aller de pair avec une manière différente d'exercer l'autorité locale et d'appréhender les attentes des populations . Dans ce sens, les pouvoirs publics doivent s'appuyer sur une nouvelle garde issue du Sahara capable de fédérer et les moyens humains et économiques autour d'un projet viable qui doit aboutir sans plus tarder à une large autonomie dans cette région du pays.