Le secrétaire général de la jeunesse du PJD et membre du secrétariat général du parti, Abdelaziz Rebbah, estime que le gouvernement doit entamer un dialogue sérieux avec les grévistes. Il défend dans cette interview les arguments de sa thèse. ALM : Que pensez-vous, au PJD, de l'ouverture d'un dialogue avec les détenus grévistes de la Salafiya ? Abdelaziz Rebbah : Au PJD, nous sommes conscients que ce dossier est extrêmement épineux et complexe. Toutefois, nous estimons que le gouvernement doit adopter une approche intelligente pour résoudre ce problème. A cet effet, nous pensons que l'ouverture d'un dialogue entre le gouvernement et les grévistes est devenu une nécessité. L'ouverture du dialogue signifie que le résultat sera de corriger les erreurs commises par les uns et de réviser les positions radicales des autres. Un compromis ne peut s'opérer sans concessions de part et d'autre. Le dialogue doit-il porter sur les conditions de détention ou sur la révision des procès ? A mon avis, il y a trois raisons pour que le gouvernement ouvre ce dialogue avec les détenus. Tout d'abord, les grévistes sont des marocains. Il faut faire en sorte que leur grève de la faim cesse. La deuxième raison qui montre que la révision des procès est une nécessité a trait aux dérapages qu'ont connus ces procès. C'est effectivement une des demandes du PJD. D'autres acteurs nationaux et internationaux revendiquent la même chose. D'ailleurs, SM le Roi a lui-même affirmé dans une interview à un journal espagnol que des erreurs sécuritaires ont été commises au lendemain du 16 mai. Enfin pour ce qui est de la troisième raison, ces détenus islamistes sont des prisonniers d'opinion. Ils ont des points de vue. A ce titre, le PJD appelle à une démarche intégrée. Cette démarche devrait aller au-delà de l'aspect purement sécuritaire. Elle devrait englober également le côté économique, social, religieux… Que répondez-vous à ceux qui estiment que l'Etat ne doit pas dialoguer avec des terroristes ? Je dirais qu'à travers l'histoire contemporaine du Maroc, la solution sécuritaire a souvent été le seul choix, la seule démarche de l'Etat vis-à-vis de tous les radicaux. Aujourd'hui, nous sommes en train de payer cher ces choix. Malheureusement, concernant l'affaire des détenus islamistes, seule la voix des éradications est audible. Elle est fortement présente dans la scène médiatique. Pourtant, elle ne représente qu'une infime minorité de l'opinion publique nationale. Dans les communiqués du PJD, vous dites toujours "ce que l'on appelle la Salafiya Jihadia". Est-ce que vous ne reconnaissez pas l'existence de cette dernière ? Effectivement, nous ne reconnaissons pas l'existence de la Salafiya Jihadia. Car les personnes concernées elles-mêmes affirment ne pas appartenir à cette tendance. Pour ce qui est de la Salafiya, tout court, elle existe depuis très longtemps au Maroc. Ses membres ont participé à la guerre de libération et ils ont cohabité avec toutes les autres tendances religieuses et politiques. La défense des détenus salafistes, est-ce pour le PJD une manière de renforcer sa popularité ? D'abord, nous ne défendons pas les détenus salafistes. Ce que nous défendons c'est l'adoption par le Maroc d'une approche intégrée qui lie le sécuritaire, l'économique, le social… S'il s'agissait de détenus autres que des islamistes nous aurions eu la même position. Ce n'est donc nullement une recherche de la popularité. C'est une manière de participer à la construction d'un Etat de droit. Par ailleurs, il est étrange de voir, à chaque fois que le PJD participe de manière positive à la vie politique ou économique du pays, les accusations se multiplier à son égard. Je vous le répète encore une fois que notre unique objectif est de servir le pays.