La non libération des prisonniers palestiniens, symbole de leur lutte nationale, sera un coup dur contre le prestige de l'Autorité palestinienne et aux espoirs de paix défendus par Mahmoud Abbas. Selon le Hamas, la direction du Fatah continue à remettre en question les résultats des élections municipales, en accusant son opposition à Mahmoud Abbas de « falsifications ». Le pouvoir en place dénonce les tentatives du Hamas qui menace de « mettre fin à la « Koutla » (l'accalmie), alors qu'il s'agit pour lui d'une issue historique des élections qui ont permis une participation de tous les électeurs palestiniens, y compris ceux des mouvements « fanatiques », comme le Hamas plus que le Jihad Islamique, voulant devenir des partis politiques traditionnels. Le Hamas a publié, dimanche dernier, un tract demandant à l'Egypte sa protection contre les attaques du Fatah et celles de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas. Les chefs du Hamas déclarent mettre fin à l'accalmie si « les actions de l'armée israélienne se poursuivaient contre ses activistes ou en cas d'annulation des élections législatives » prévues en juillet. Les résultats des élections dans les 82 municipalités indiquent qu'en dehors de victimes techniques du Fatah, le Hamas a réussi la conquête de grandes villes de Cisjordanie et à Gaza, comme Rafiah, Bet Lahia et Kalkilia. A Gaza, des heurts entre le Hamas et des militants armés du Fatah ont fait, dimanche dernier, une dizaine de blessés, sans compter les attaques verbales virulentes des chefs du Fatah contre le Hamas. Ils l'accusent de falsifications des élections, en particulier, dans la plus grande des municipalités, celle de Rafiah, où le Hamas l'a emporté largement. Les observateurs internationaux, en général, sont pourtant d'avis que les élections se sont déroulées dans de bonne condition d'honnêteté… Pour la première fois, les commentateurs internationaux considèrent que le succès relatif du Hamas a créé, pour la première fois « une communauté d'intérêts entre Israël et la direction de l'Autorité palestinienne », tous deux ayant intérêt à repousser les élections législatives prévues le 17 juillet prochain. La tenue de ces élections au Parlement palestinien serait, à présent, remise en question, car Mahmoud Abbas (Abou Mazen) craindrait une grave défaite de son parti (le Fatah). Israël aura, alors, dans ce cas, des difficultés à se retirer de Gaza et du Nord de Cisjordanie s'il s'avérait que le partenaire serait, désormais, le Hamas… Le mouvement islamiste du Hamas, contrôle, déjà, la majorité des communes et municipalités importantes et s'approcherait, comme on le craint au sein de l'Autorité palestinienne, des 40% aux prochaines élections législatives. Il deviendra, alors, l'égal du Fatah pour la direction de l'Autorité palestinienne. Malgré son obstination sur le caractère unilatéral du désengagement de Gaza, Ariel Sharon aura des difficultés à justifier, par conséquent, sa politique s'il devait quitter des territoires pour les confier au Hamas : cela pourrait entraîner, à la dernière minute un gel de son plan. La solution la plus commode, tant pour Sharon que pour Mahmoud Abbas serait le report des élections palestiniennes, dans l'espoir d'un répit à exploiter par le Fatah pour se reprendre. Et démontrer que la victoire du Hamas, venant après le désengagement, ne serait plus liée à cette opération… cependant, les chances de Mahmoud Abbas en vue d'amener ce report, ne seraient plus claires. Certes, l'Egypte y est favorable, mais il devra, avant tout, tenir compte de l'opinion publique dans les territoires palestiniens. Si le changement de date des élections est maintenu et considéré comme un « mauvais exercice » du Fatah, il pourrait entraîner un conflit du Hamas contre l'Autorité palestinienne, ce que Abou Mazen ne peut se permettre, aujourd'hui. En attendant, le Président de l'Autorité palestinienne envisage de repousser d'au moins une semaine, sa visite à la Maison-Blanche, prévue à la fin de ce mois de mai. Mahmoud Abbas doit, également, se rendre en visite en Espagne, au Brésil, au Chili et au Japon et espère, alors, présenter aux Américains des progrès concrets dans les réformes des institutions de sécurité et la baisse du terrorisme, les deux exigences du Président Bush. En Israël, on continue à suivre avec scepticisme, dit-on, les mesures prises par Mahmoud Abbas dans ce domaine et, en particulier, la réquisition promise des armes dans les villes de Jéricho et de Toulkarem ainsi qie l'arrêt des tirs d'obus de Kassam à partir de Gaza. Israël , de son côté, avait promis la libération de 400 prisonniers palestiniens, en contrepartie de ces mesures. Cependant, les Israéliens, affirment au contraire une détérioration au cours des deux semaines dernières, en particulier par les tirs d'obus de Kassam. Par contre, les Palestiniens affirment des progrès dans le domaine de la sécurité et,par exemple, l'arrestation de trois extrémistes du Hamas soupçonnés de vouloir procéder à des tirs de Kassam. Les Israéliens avaient à cette occasion, vivement protesté contre la libération des trois prisonniers, sans attendre… En tout état de cause, les Palestiniens continuent à mettre en garde aussi bien les Israéliens que les Américains et les Européens que la non libération des prisonniers palestiniens, symbole de leur lutte nationale, sera un coup dur contre le prestige de l'Autorité palestinienne et aux espoirs de paix défendus par Mahmoud Abbas. Dans le même temps, en Israël , Sharon doit décider, pour des raisons de date religieuse, de reporter l'exécution du désengagement de Gaza, aux 15 et 17 août 2005. Le ministre des Affaires étrangères, Sylvain Shalom, qui est passé définitivement dans le camp de Netanyahou opposé à Sharon, demande de surseoir au désengagement « si le Hamas emporte les prochaines élections législatives ». Ce qui permet à Sharon de rappeler que son désengagements de Gaza est un « acte unilatéral » qui ne dépend pas des développements dans la situation de l'Autorité palestinienne… Les libéraux dans la politique israélienne considèrent, toujours, que des négociations avec les Palestiniens sont prévues dans les accords de la «feuille de route», pour l'établissement de frontières définitives. Cependant, Sharon ne cesse de reprocher à Abou Mazen son accord avec le Hamas «au lieu de lutter contre les infrastructures terroristes». Quoi qu'il en soit, une coalition gouvernementale dont les deux chefs ont, l'un 77 ans (Sharon) et l'autre 82 ans (Shimon Peres) saura faire preuve d'expérience. A moins, comme l'affirme Sharon à la télévision israélienne, que le désengagement ne provoque une «guerre civile » entre l'armée et les colons à l'occasion du désengagement de Gaza…