A la veille de la visite de Mahmoud Abbas à Washingon, la droite israélienne veut convaincre les Etats-Unis que la retenue de réplique de la part d'Israël face aux manœuvres du Hamas, prouvait la fragilité de la position du Président de l'Autorité palestinienne. Alors que les opposants israéliens au désengagement de Gaza avaient procédé à une véritable répétition générale de leur capacité à troubler la vie quotidienne de leurs compatriotes, le mouvement du Hamas multipliait des tirs d'obus pour ramener les habitants du « Gouch Katif » (région des colonies israéliennes de Gaza). Il s'agit, donc, d'une opération en tenaille, des deux côtés, contre le retrait de Gaza. Pourtant, insiste le journaliste Uzi Benziman, dans le journal Haaretz, l'accord du Caire par lequel le Hamas acceptait de se joindre au cessez-le-feu et à la vie politique, semblait toujours en vigueur. D'autant que le Président de l'Autorité palestinienne n'avait pas posé pour condition à cet accord, le désarmement de l'organisation islamiste. A présent, la presse israélienne rappelle que le chef d'état-major israélien avait mis en garde que cette « faveur » était un symptôme de l'inquiétude, d'une faiblesse de Mahmoud Abbas (Abou Mazen). Suite à l'accord du Caire, selon le chef d'état-major, le Hamas aurait déposé des armes entre les mains du Chef d'Etat palestinien par peur de se retrouver opposé au Président égyptien. Quoi qu'il en soit, le journaliste considère que les Israéliens, également, s'étaient abstenus de représailles, contre le Hamas ou le Jihad Islamique, pour montrer leur disponibilité à passer sous silence des violations au cessez-le-feu. On peut dégager plusieurs motifs à cette attitude. Tout d'abord, les Israéliens ne respectent pas à la lettre leurs engagements à Charm El Cheikh, en n'évacuant pas les implantations sauvages et en ne gelant pas la construction dans les colonies. En outre, ils se livrent, de temps à autre, à l'arrestation de «terroristes recherchés» et, surtout, s'abstiennent de libérer les 400 prisonniers promis. Sans omettre le transfert de villes supplémentaires à l'Autorité palestinienne. En second lieu, Sharon est tenu par ses promesses au Président Bush quant à sa conduite envers Mahmoud Abbas. En troisième lieu, le caractère unilatéral, - par sa définition confirmée -, du désengagement de Gaza, qui doit le contraindre à ne pas tenir compte des « provocations » du Hamas, sachant que les dernières initiatives sont des actions de solitaires. Certains, affirme le journaliste, peuvent reprocher à Sharon le cadre imposé à l'exécution de son plan à Gaza. Bien plus, s'il avait mis en place son plan, tout de suite après la mort du Président Yasser Arafat, de manière coordonnée avec la nouvelle direction de Mahmoud Abbas, il aurait pu en faire le levier de la promotion d'un accord plus large. A présent, on doit en revenir à la pluie de tirs d'obus par le Hamas qui tente d'imposer au Fatah l'acceptation des résultats des élections municipales qui lui ont été favorables. Donc, considère à présent, Uzi Benziman, la sécurité des habitants de Gouch Katif, est devenue un moyen du Hamas, dans sa lutte d'influence inter-palestinienne. A la veille de la visite de Mahmoud Abbas à Washingon, la droite israélienne veut convaincre les Etats-Unis que la retenue de réplique de la part d'Israël face aux manœuvres du Hamas, prouvait la fragilité de la position du Président de l'Autorité palestinienne. Celui-ci doit imposer son pouvoir aux organisations armées. Sinon, Sharon risquerait d'affaiblir le soutien incontestable du public israélien à son plan de retrait de Gaza. Mais il est curieux d'apprendre, selon l'analyste réputé Dany Rubinstein, qu'à l'approche du retrait de Gaza, de plus en plus de voix de Palestiniens se font entendre pour demander à Israël de détruire les maisons dans les colonies qui seront évacuées en août prochain. Mahmoud Abbas serait, également, de cet avis. Pourquoi détruire ? Pourquoi les Palestiniens ne voudraient pas recevoir les maisons pour leur propre usage ? Nombreux sont les colons israéliens favorables à la destruction des maisons et bâtiments car, ils veulent, avouent-ils « éviter les scènes de joie des Palestiniens dansant sur les toits de leurs anciennes maisons ». Les Palestiniens, de leur côté, se disent vexés par les paroles de Sharon « dès la sortie des troupes, des bandes de Palestiniens se rueront pour les piller ». Selon l'analyste Dany Rubinstein, la majorité des Palestiniens pensent qu'il y aura bien une ruée, non pour piller mais plutôt pour détruire ce symbole de 37 ans d'occupation et y déverser leur frustration et leur vengeance. L'Autorité palestinienne saurait cela et craindrait qu'il soit impossible de le prévoir… Elle préférait donc, qu'avant son départ -, Israël détruise les maisons… Malgré le risque de manifestation de haine, doit-on remettre en question le processus de « livraison » des maisons des colonies, aux Palestiniens ? Les préparatifs du désengagement sont, certes, accompagnés de signes de méfiance, d'hostilité et de violence. La source de tout ce mal est le caractère unilatéral, affirme Dany Rubinstein. Le retrait de Gaza ne risque, donc, pas de se révéler comme un pas annonçant un signe de réconciliation et d'accalmie, bien au contraire, un nouveau symbole d'hostilité, au lieu de la vision d'un futur accord de paix…