Une première. Un détenu, qui purge une peine de 5 ans ferme, a arnaqué, depuis la prison civile de Kariat Ba Mohammed, deux enseignantes qui rêvent être mutées à la ville. Il se faisait passer pour un haut gradé de la Gendarmerie. Il a été condamné à 7 ans de réclusion. «Je peux t'aider à être mutée dans une école de la ville, ou même à Rabat, si tu veux». Une proposition qui a trouvé un écho particulier et plein d'espoir chez cette jeune enseignante qui a passé plusieurs années dans une école loin de plus d'une dizaine de kilomètres du centre de la province d'Azilal. Un calvaire qu'elle a enduré durant toutes ces années en milieu rural et qu'elle ne supportait plus. Elle souhaitait être mutée au moins dans une école située au centre de la province. Certes, elle a adressé à ce propos plusieurs demandes à la délégation, qui sont restées lettre morte. Elle a tellement patienté qu'elle a fini par perdre espoir. Pourquoi rester à attendre ce qui, finalement, n'adviendra pas, sans réagir ? Mais, que faire ? En effet, pour toute réaction, elle s'est contentée de soulever son problème avec toutes les personnes susceptibles de lui venir en aide. Et, un jour, une personne lui a téléphoné pour lui proposer son aide. De qui s'agit-il ? Qui l'avait mis au courant de son problème ? Qui lui avait donné son numéro de téléphone portable ? Pourquoi lui a-t-elle proposé son aide ? Quelle sera la contrepartie ? L'enseignante n'a pu trouver de réponses à ses interrogations. Mais peu importe. Ce qui l'intéressait, c'était d'avoir une issue pour résoudre son problème. «Je suis commandant à la Gendarmerie royale et j'ai des relations très étroites avec des hauts fonctionnaires du ministère de l'Education nationale», lui a affirmé la personne qui était à l'autre bout du fil. Elle lui a expliqué s'être procuré son numéro de téléphone auprès de l'une de ses amies. Laquelle ? La personne ne le lui a pas dit et lui a promis de déployer tous ses efforts pour qu'elle soit mutée dans un délai ne dépassant pas un mois et demi. Une promesse qui l'a remplie de joie au point qu'elle n'a pas marchandé avec son interlocuteur sur la «commission» qu'il lui avait réclamée, à savoir 15 mille dirhams. Elle ne devait pas la lui verser à lui personnellement, mais à sa fiancée demeurant à Khemisset. Après quoi, elle devait se rendre au ministère de l'Education nationale à Rabat pour recevoir la décision de mutation. A Khemisset, l'enseignante a rencontré la fiancée de la personne en question et lui a donné des documents et une enveloppe renfermant la somme convenue. «Je vais partir demain à Rabat pour les lui remettre», lui a promis la fiancée. L'enseignante a retrouvé l'espoir qu'elle avait perdu depuis longtemps et elle a souhaité que son amie, également enseignante dans une école de Boulemane, partage la même joie. Elle lui a téléphoné et lui a lancé la nouvelle. L'amie lui a exprimé son désir de bénéficier du même avantage. Quand la personne inconnue lui a téléphoné pour lui confirmer avoir reçu les documents et l'argent, elle lui a demandé d'intervenir au profit de son amie en lui promettant que celle-ci s'acquitterait également des 15 mille dirhams. Quelques jours plus tard, les deux enseignantes ont reçu un appel téléphonique de la même personne qui leur demandait d'aller à Rabat. Une fois dans les couloirs du ministère de l'Education, elles ont compris qu'elles avaient été arnaquées. Elles se sont adressées aussitôt aux gendarmes pour déposer plainte. Une enquête a été diligentée. La fiancée avait disparu. Et il ne restait aux enquêteurs que les numéros de téléphones signalés dans le répertoire des téléphones portables des deux enseignantes. En les consultant et en se renseignant auprès de l'opérateur, ils ont été surpris de constater qu'il s'agissait du numéro de téléphone de la prison civile de Kariat Ba Mohammed, province de Taounate. Leur interlocuteur est-il un détenu ou un fonctionnaire de la prison ? Les enquêteurs se sont dépêchés à la prison. Leurs investigations minutieuses se sont soldées par l'identification de l'auteur des escroqueries. Il s'agit bel et bien d'un détenu, qui purge une peine d'emprisonnement de 5 ans de réclusion criminelle et qui, depuis la prison, a lancé sa fiancée à la chasse des victimes, notamment des enseignantes. Traduit devant la justice, le détenu a été condamné à 7 ans de réclusion criminelle pour usurpation de fonction et escroquerie avec récidive et sa fiancée à 4 mois de prison ferme pour complicité.