Ceux qui rêvent de l'Eldorado et les naïfs qui espèrent améliorer leur situation matérielle avec un simple coup de chance deviennent un appât facile pour les arnaqueurs.Une histoire plus vraie que nature. C'était en 1988, alors qu'il était directeur au lycée privé Ben Mansour, au quartier Bourgogne à Casablanca, M'hamed a été arrêté pour usurpation d'identité et falsification dans des documents administratifs. Il en a purgé une peine d'emprisonnement de huit mois ferme. Il a été libéré et a repris sa tâche au lycée avant que celui-ci ne ferme ses portes en 1992. M'hamed a gardé chez lui une dizaine de cachets et des attestations scolaires. Sa place préférée est au café "Al Istiraha" au boulevard Ziraoui. Il ne s'éloigne que de quelques centaines de mètres de sa demeure à la rue Goulmima. Là, il rencontrait ses amis, qui sont tous des gens de l'enseignement. Redouane aime ce groupe d'enseignements. Bien qu'il demeure à Sidi Bernoussi, qui est un peu plus loin du café «Al Istiraha», il se déplace presque quotidiennement chez eux. Il a vraiment une relation presque particulière avec M'hamed, malgré la différence d'âge entre les deux. M'hamed a cinquante-sept ans alors que Redouane en a trente-deux. Redouane qui est membre actif de la Jeunesse Istiqlalienne à la section de Sidi Bernoussi, se débrouille en donnant des cours d'anglais et d'espagnol à l'école Annajah d'enseignement privé. Alors que personne n'est au courant des activités de M'hamed. «J'ai une fille qui est faible en langue anglaise et je voudrais que tu l'aides», lui demande M'hamed lors d'une de leurs rencontres habituelles. Redouane a fermé les yeux sur cette proposition. Parce qu'il ne rend jamais service, même pas pour un ami. Mais Rédouane a besoin d'argent. Il n'a pas d'autre ami à qui il peut s'adresser que M'hamed. Mais celui-ci était ferme : «Si tu veux que je t'avance de l'argent tu dois me chercher des gens qui veulent avoir un diplôme le baccalauréat ou être muté d'une ville à une autre», lui propose-t-il. Redouane n'a pas dit non. Il s'est adressé illico à son ami de la Jeunesse Istiqlalienne, section de Sidi Bernoussi, Azzedine «Je dois t'aider pour avoir un diplôme du baccalauréat sans passer les examens, j'ai un ami, fonctionnaire à l'Académie d'enseignement, qui peut intervenir contre une somme de dix mille dirhams», lui dit-il. Depuis, il n'en finit pas de faire des promesses à gauche et à droite: «je peux aider ta sœur, Aziza, à être mutée de Sidi Kacem à Casablanca et inscrire ta sœur, Laïla, au CPR contre une somme de 20 mille dirhams», propose-t-il à son voisin Karim. «Oui, j'ai des amis qui disposent de contrats de travail en Italie. Mais tu dois me donner une somme de 40 mille dirhams pour les avoir», annonce-t-il au chauffeur Rachid, à l'ouvrier Abdelghani et au gérant de café,Mohamed. Redouane empoche des acomptes; 2.000, 3.000, 5.000, 10.000 dh…etc et les partage avec M'hamed qui reste à l'ombre sans tenir ses promesses. Les victimes ont déposé des plaintes. Les éléments de la brigade anti-émigration clandestine près la police judiciaire de Sidi Bernoussi-Zenata entament des investigations. Ils ont mis le duo entre les mains du procureur du Roi près le tribunal de Première Instance de Hay Mohammadi-Aïn Sebaâ.