Près de deux ans après son arrestation, le colonel Abdellah Al Amrani, qui était à la tête du commandement du grand Casablanca, a été condamné à 4 ans de prison ferme pour trafic d'influence, corruption, faux, usage de faux et escroquerie. Quant à ses six complices, ils ont écopé de 2 à 4 ans de prison. Il fallait attendre deux ans pour que le Tribunal militaire rende son verdict contre le colonel Abdellah Al Amrani, impliqué dans une affaire d'expropriation de lots de terrains à Casablanca et à Settat, et poursuivi pour trafic d'influence, corruption, faux et usage de faux, escroquerie, en le condamnant à quatre ans de prison ferme. Deux de ses trois rabatteurs ont écopé de la même peine et le troisième de trois ans de prison ferme. Quant aux trois Adouls impliqués dans cette affaire, deux ont été condamnés respectivement à deux ans et demi et à deux ans de prison ferme, et le troisième a deux ans de prison avec sursis. Plus de 130 victimes de cet élément de la Gendarmerie Royale, qui a défrayé la chronique judiciaire, n'oublient pas encore son avidité qui les a rendus sans le moindre millimètre de leurs propriétaires. C'est en 1998 qu'il a été muté à la tête du commandement de la région du Grand Casablanca. Une région qui lui a ouvert l'appétit et le ventre. Il a choisi le foncier des autres pour jouer son jeu, notamment dans les zones de Bouskoura, Dar Bouâzza, Lakhyayta et dans les régions de Settat. Il a commencé à profiter de la confiance de ceux qui lui ont facilité la tâche pour agir et réagir, pour mettre ses mains dans les sacs des autres sans vergogne. Bafouer la loi sera sa règle absolue. Ce qui lui importait est que les lots de terrains des autres deviennent en son propre nom. Pas plus. Et il y est arrivé en expropriant plus de 700 hectares. Et personne de la centaine de victimes n'a pu réagir. Pour arriver à ses fins, il a déployé un dispositif qui lui a permis d'obtenir des facilités nécessaires pour faire marcher la machine des opérations d'immatriculation, de bornage et d'enregistrement et pour la légalisation des documents nécessaires. Quand il a été mis hors d'état de nuire, jeudi 9 décembre 2000, le colonel Abdellah Al Amrani a tenté de se blanchir des accusations qui lui ont été attribuées. Il a déclaré ne posséder qu'un lot de terrain de 15 mille mètres carrés et une grande maison à El Jadida qu'il a héritée de son père. Loin delà, précisent l'enquête policière et les victimes, il a mis la main sur des villas abandonnées, des immeubles et des fonds de commerce se situant en milieu urbain, outre les lots de terrain précités. Le recensement de ses biens s'est étalé sur des mois et il n'a pas épargné ses comptes bancaires bien garnis. Pire encore. Personne de ses subordonnés ne pouvait lui demander de reculer un peu, de lever ses mains sur les propriétés des victimes, d'être clément envers eux. Et si quelqu'un se hasardait à le faire, c'est la machine de la vengeance qui passe à l'action. Cette machine a broyé trois commandants de brigade en les mutant loin de Casablanca. Seulement l'odeur puante qui s'est exhalée de ses affaires louches et qui a piqué toutes les narines a engendré sa destitution de ses fonctions en novembre 2000 puis son arrestation. Le nom de ce quinquagénaire est issu de ses origines d'Ouled Amrane, dans la province d'El Jadida. Il est marié et père de quatre enfants. Ce lauréat de l'Académie Royale de Meknès, au début des années 70, a été engagé comme officier dans la gendarmerie. C'est à Kelaât Sraghna qu'il a commencé comme commandant de compagnie pour être muté successivement à Beni Mellal, Khemisset, Sidi Kacem et à Agadir. Mais en 1989, il a été « puni » par une mutation disciplinaire, pour être ensuite affecté à Ouarzazate, avant d'être muté à Casablanca où son parcours professionnel s'est effondré comme un château de cartes à cause de ses comportements illicites. Signalons qu'après ce verdict, il ne lui reste que 2 ans à purger.