Après 30 ans de conflit ouvert, il n'y a plus rien. Juste des malentendus dont la presse est la principale cause et responsable. Décidément, le Maroc et l'Algérie ne savent plus comment faire. Ils veulent bien mettre en scène médiatiquement le dégel supposé, mais, apparemment, ils ont perdu la main. Chez les éditorialistes algériens, on constate bien un bémol dans les attaques strictement antimarocaines. Même si, ici ou là, notre pays continue à être stigmatisé sévèrement ou caricaturé dans des sujets comme la drogue, la contrebande, l'immigration, la pauvreté, etc. Par contre, sur le front de l'affaire du Sahara, aucune trêve n'est enregistrée. Le pilonnage à l'arme lourde propagandiste continue. C'est plus qu'un service minimum qui est assuré. On a vraiment l'impression que les centres du pouvoir algérien redoublent d'efforts, à travers une presse affidée, dans l'instrumentalisation du Polisario et de ses pseudos-structures pour contester l'intégrité territoriale de notre pays. Cette affaire en Algérie est une affaire d'État et elle continue à l'être. Il n'y a aucun doute désormais sur le caractère strictement algéro-marocain de l'affaire dite du Sahara. Les animateurs de la conférence organisée, mercredi, dans les locaux du journal «El Moujahid» sous le thème: «La décolonisation en droit international: cas du Sahara occidental» n'ont laissé planer aucun doute sur le caractère institutionnel et violent des attaques que subit notre pays. Le même jour, mercredi soir, 2M nous a servi une émission sur les relations algéro-marocaines où l'idiotie le disputait à la naïveté et où la mauvaise foi faisait bon ménage avec la désinformation. Si des consignes de dégel ont été données aux télévisions de part et d'autre des frontières pour calmer le jeu, il faut bien admettre que les nôtres les exécutent de la manière la plus ridicule et la plus contreproductive qui soit. Après 30 ans de conflit ouvert, il n'y a plus rien. Juste des malentendus dont la presse est la principale cause et responsable. Les pays s'aiment. Les peuples s'aiment. La société civile, la coopération universitaire et les hommes de culture vont nous sauver. Une occultation générale des problèmes de fond et une approche mièvre et imbécile au détriment de nos intérêts les plus sacrés sont mises en avant. La réconciliation des poltrons est plus dangereuse que la paix des braves. Au moins, ces derniers n'oublient jamais qu'ils ont été en guerre. Je comprends que ce type d'émission ne puisse pas exister actuellement en Algérie pour de multiples raisons objectives. Mais j'apprécie la finesse de la démarche des Algériens de commencer, avant toute chose, par diffuser sur leur chaîne une sit-com marocaine comme «Lalla Fatéma» pour détendre ou sonder l'atmosphère. Une affaire de métier. Si Mohamed Benyahya, un participant à l'émission de 2M, avait une conscience aiguë de son parcours politique, il aurait évité, par décence et par respect, d'adopter la posture qu'il a eue et mettre un point d'honneur à ne pas se défausser de ses propres responsabilités en chargeant, aujourd'hui, inutilement, la presse. Il devait certainement se rappeler du temps où le Fkih Basri était domicilié avec porte-valises, porte-flingues, armes et bagages à Alger et assumer la conflictualité historique de rapports avec l'Algérie dont il a été un acteur, certes jeune, mais en vue et un exécutant, certes intéressé, mais efficace. Dans nos rapports avec l'Algérie, si on veut un jour dépasser la fatalité de la crise, il y a, là aussi, un sérieux travail de mémoire à faire. Il faut lire la page, mais loin des impostures télévisuelles.