Les autorités comptent aussi sur ce dispositif pour lutter contre les besoins énormes de liquidités A peine un million de «wallets» ou portefeuilles électroniques ont été créés depuis le lancement effectif de ce projet il y a plus de deux années. Les autorités décidées à booster le paiement mobile. Le gouvernement mais également Bank Al-Maghrib poussent pour accélérer l'adoption du nouveau mode de paiement au Royaume. A peine un million de «wallets» ou portefeuilles électroniques ont été créés depuis le lancement effectif de ce projet il y a plus de deux années. Selon des sources, ce chiffre est plutôt correct, mais pour d'autres le pays peut nettement faire mieux. Car un million de wallets rapporté à la population équipée en téléphones portables est une performance beaucoup trop modeste surtout que d'autres pays sur le continent, notamment en Afrique subsaharienne, font nettement mieux. Mais ce n'est pas tout. Pour certains responsables, le pays a raté une occasion en or pour doper ce dispositif. Au cours des débats sur le lancement des aides directes au profit des ménages les plus touchés par les répercussions économiques de la pandémie Covid-19 et de la proclamation de l'état d'urgence sanitaire, l'idée était dans un premier temps de distribuer les aides financières directes pour les travailleurs dans l'informel via les smartphones. Des informations ont circulé en mars dernier sur la décision des membres du CVE d'activer un dispositif de paiement mobile pour transférer les aides. Seulement voilà, l'idée a subitement cédé la place à la distribution des aides financières via les GAB (guichets automatiques bancaires) ou les franchises de transfert d'argent pour les ménages de l'informel. Selon les connaisseurs du dossier, l'écosystème pour l'activation de ce dispositif n'est pas encore totalement prêt. De même, de nombreux commerçants sont aujourd'hui réticents à l'idée de s'impliquer davantage dans le paiement mobile pour des raisons techniques mais aussi fiscales. Justement, plusieurs acteurs institutionnels et dans le milieu financier reprochent ouvertement au gouvernement le manque d'incitations sur le plan fiscal pour convaincre un plus grand nombre d'acteurs à adhérer au paiement mobile. La loi de Finances 2020 n'avait pas apporté une offre considérable. Pour ces derniers, l'Exécutif avait tout simplement raté le coche. C'est la raison pour laquelle le gouvernement a voulu se rattraper, poussé par certains acteurs sur ce plan dans le cadre de la loi de Finances rectificative. Concrètement, la LF rectificative institue un délai de grâce. Ainsi, le montant du chiffre d'affaires réalisé par paiement mobile ne sera pas pris en compte pour la détermination de la base imposable de l'IR dû au titre du revenu professionnel par les contribuables pendant 5 exercices. Cette mesure s'appliquera également pour des seuils d'imposition à l'IR selon les régimes susvisés et d'assujettissement à la TVA. Il s'agit là d'une mesure nettement améliorée en comparaison avec la loi de Finances 2020 qui avait prévu un abattement de 25% sur la base imposable correspondant au chiffre d'affaires réalisé par les personnes utilisant le paiement mobile. Ce dispositif est ainsi destiné à stopper l'hémorragie du cash. Les besoins en liquidités au Maroc durant les derniers mois sont en train de battre tous les records, ce qui a nécessité des interventions répétées de la banque centrale (voir encadré). Explosion des liquidités Le cash explose. Dans un exposé sur la situation économique à fin juin dernier et les perspectives de l'année 2020, lors d'une réunion conjointe entre la commission des finances et du développement économique à la Chambre des représentants et la commission des finances, de la planification et du développement économique relevant de la Chambre des conseillers, le ministère de l'économie, des finances et de la réforme de l'administration a donné les derniers chiffres sur les besoins en liquidités durant les derniers mois. Pour la tutelle, des tensions sont apparues sur les liquidités depuis le déclenchement de la pandémie au Maroc. Ces tensions sont dues selon la même source à des retraits inhabituels de dépôts de la part de nombreux ménages. Le déficit en termes de liquidités a dans ce sens atteint pratiquement 94 milliards DH en moyenne durant le deuxième trimestre. Les interventions de la banque centrale ont ainsi totalisé plus de 97 milliards DH durant la même période.