Réagissant à la dernière sortie des membres du Conseil national de l'Istiqlal, contestant l'attachement de ce parti à la Koutla, Abdelhadi Khaïrat, membre du bureau politique de l'USFP, plaide pour la révision de cette alliance. Aujourd'hui Le Maroc : Au cours de leur dernier Conseil national, organisé samedi 23 avril, plusieurs membres du parti de l'Istiqlal ont critiqué une recommandation réaffirmant l'attachement de l'Istiqlal à la Koutla. Qu'en pensez-vous ? Abdelhadi Khairat : Je pense qu'il y a méprise totale sur ce sujet de la Koutla, à laquelle on donne plus de poids qu'elle ne peut supporter en réalité. Ce que peuvent dire certains au sein de l'Istiqlal n'est que la traduction de leur frustration de voir Abdelouahed Radi reconduit à la tête de la Chambre des représentants au Parlement. Ceci, alors que l'Istiqlal, par sa manœuvre lors des dernières élections, a voulu tirer le tapis sous les pieds de l'USFP, en présentant la candidature de Abdelhamid Aouad. Le résultat, nous le connaissons déjà et nous l'avions prédit dans ces mêmes colonnes. Maintenant que la tentative de l'Istiqlal a été vouée à l'échec, on joue la carte de la Koutla. Mais franchement, qu'est-ce que la Koutla, à part des réunions aussi routinières qu'espacées dans le temps, mais sans véritable substance. Ceci avant même que le dernier différend n'éclate.
Cela voudrait-il dire que l'idée même de la Koutla est à revoir ? La Koutla dans sa configuration initiale est le fruit d'une conjoncture précise. Elle était, certes, prédestinée à évoluer et prendre plus de force, mais toutes les ambitions nourries à son égard ont été déçues. Et il est temps de procéder à une remise en question de la Koutla, en vue de son adaptation avec des enjeux réels et des visions communes. Telle qu'elle est actuellement, la Koutla n'a aucun avenir. Elle est maintenue sous perfusion pour on ne saurait quelle raison. A votre avis, quel est le véritable objectif de l'Istiqlal derrière la tempête provoquée par les siens ? Par sa dernière manœuvre, l'Istiqlal a clairement affiché sa volonté de prendre le pouvoir à n'importe quel prix. Il a, en cela, fait fi de l'accord conclu entre le Premier ministre et l'USFP. Maintenant, on sait qui est le plus fort. On sait également la crise que vit l'Istiqlal qui comptait sur l'appui de plusieurs formations, même en dehors de la majorité gouvernementale, comme le PJD. Un appui qu'il n'a pas eu finalement. Et ni la majorité ni l'opposition ne veulent de l'Istiqlal. Nous, on s'est lancé dans l'aventure, on a privilégié le dialogue et on a finalement eu raison. Le jeu est à refaire. Qu'en est-il du patrimoine politique commun que partagent l'Istiqlal et l'USFP ? Par ces agissements, l'Istiqlal fait également fi de l'Histoire. Il nous fait passer pour des nouveaux venus, voire des intrus. Comme si on est tombé du ciel. Dans ce cas, qui est le mouvement national, qui est la résistance et qui est l'armée de libération ? Pour moi, c'est soit une marque d'ignorance de l'Histoire, soit une tentative de le faire ignorer et s'adjuger le titre.