La Covid-19 a démontré la capacité de l'Afrique à faire face aux crises exogènes. Le continent a fait preuve d'une grande résilience et a démontré une capacité inouïe à s'adapter à ce contexte évolutif. Une conjoncture qui offre autant d'opportunités que de freins à cette région en mouvance. C'est d'ailleurs autour des opportunités d'émergence et d'indépendance de l'économie africaine que l'Institut Amadeus et l'Association marocaine des exportateurs (ASMEX) ont engagé la réflexion. Un webinaire a été consacré à cette question à travers lequel d'éminents acteurs économiques de la région ont listé les avantages de cette crise et les pistes de relance. «Il s'agit d'un nouveau cycle de rencontres que nous organisons avec Amadeus. La finalité étant de transformer cette crise en un catalyseur de développement, une opportunité d'export et un outil de renforcement économique», peut-on relever de Hassan Sentissi, président de l'Asmex. Intervenant à cette e-conférence, Brahim Fassi Fihri, président fondateur de l'Institut Amadeus, a mis l'accent sur le rôle que peuvent jouer les blocs régionaux en cette circonstance, appelant ainsi à capitaliser sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA). «La Zleca est en mesure de permettre à la fois la création des chaînes de valeur afro-africaines et le développement d'une industrie continentale. Le Maroc, disposant d'un écosystème industriel mature et innovant, a un rôle indéniable à jouer en la matière», souligne-t-il. Les intervenants à ce webinaire se sont accordés à dire que les échanges commerciaux intra-africains constituent un vecteur de développement d'indépendance régionale. Cet aspect a été clairement développé dans l'intervention de Reckya Madougou, ex-ministre et conseillère spéciale du président du Togo. Il est important. «La crise actuelle rend indispensable le commerce intra-régional. D'où l'importance de le densifier et d'appuyer le secteur productif, en l'occurrence les entreprises créatrices de valeur», peut-on déduire de Mme Madougou. En effet, le commerce intra-africain reste en deçà des attentes. Il ne représente que 15% des échanges du continent. La Zleca renforcerait cet élan commercial en rapportant des flux supplémentaires de plus de 33%. «L'Afrique a beaucoup souffert tout en ayant beaucoup de ressources naturelles, et ce par manque de mise en œuvre de chaînes de valeur. Si nous arrivons sur la base de nos potentialités à créer des chaînes de valeur, on réussira certainement à créer, au niveau de chaque maillon, des emplois et de la richesse voire une interdépendance», estime Rockaya Madougou. Il est à noter que la coopération régionale dynamiserait davantage la demande nationale de chaque pays africain». Il est essentiel de pouvoir apporter une solution à la demande nationale pour laquelle on a une vraie problématique de dépendance vis-à-vis de l'extérieur. Cette dépendance doit être résolue par la coopération régionale», explique à cet effet Abdou Diop Managing Partner de Mazars. Et de préciser que «les grands pays qui ont développé des écosystèmes industriels sur le continent, à l'image du Maroc, peuvent jouer un rôle moteur pour permettre de construire de véritables systèmes industriels sous-régionaux et régionaux». L'expérience marocaine en matière de lutte contre la Covid-19 aussi bien sur le plan sanitaire qu'économique a été, également, à l'ordre du jour. Les intervenants ont salué l'effort engagé au niveau national, notamment en termes d'innovation et d'industrialisation. Une agilité que le Royaume pourrait partager avec l'ensemble des pays africains. Cette rencontre virtuelle a été l'occasion pour certains opérateurs économiques nationaux de partager leur expérience en ce temps de Covid à l'instar de Nouzha Taarjii, directrice générale d'Energy Transfo, Mohamed Fikrat, président-directeur général de Cosumar, Mohamed Lacham, président de l'Association marocaine pour l'industrie de la construction automobile (AMICA), et Ahmed Bennis, directeur de développement du Groupe Tanger Med.