Le tribunal de première instance de Madrid est saisi officiellement depuis mercredi d'une plainte pour diffamation contre Ali Lmrabet, collaborateur du journal espagnol "El Mundo", déposée par les correspondants de l'Agence Maghreb Arabe presse (MAP) en Espagne, a-t-on appris de source judiciaire. Les deux journalistes de la MAP en poste à Madrid, Mansour Madani et Saïd Ida Hassan, poursuivent Lmrabet pour son article, paru le 11 mars dernier sur les colonnes d'El Mundo, intitulé: "une armée de mouchards". Dans cet écrit, il les qualifient d'"informateurs" à la solde des services secrets marocains qui savaient, avant les attentats terroristes de Madrid, que "quelque chose se tramait contre l'Espagne d'Aznar". La plainte introduite au titre de la protection du droit à l'honneur a été déposée par Me Jesus Santaella Lopez, un avocat notoirement connu pour sa spécialisation dans les délits de presse et qui a exercé pendant plusieurs années la fonction de chef du département juridique de l'Association de la presse de Madrid, l'un des grands syndicats de la profession en Europe. Les correspondants de la MAP à Madrid avaient adressé le 15 mars dernier, soit quatre jours après la publication de l'article incriminé, une mise au point au journal "El Mundo". La publication n'ayant pas daigné leur accorder le droit de réponse, ils ont alors décidé de saisir la justice. Me Santaella soutient que le collaborateur d'El Mundo a proféré des "accusations sans aucun fondement et gravement diffamatoires contre les correspondants de l'agence marocaine dans son article Une armée de mouchards". "L'intentionnalité et l'interprétation de l'article écrit par monsieur Ali Lmrabet, Une armée de mouchards, ne visaient pas moins que des spéculations à caractère sensationnel (...) accusant d'une manière gratuite et sans le moindre fondement les professionnels de l'agence marocaine accrédités à Madrid", relève-t-on dans la plainte. L'avocat madrilène souligne la gravité du contexte dans lequel de telles assertions ont été proférées. Le choix de la date du 11 mars, journée anniversaire des tragiques attentats terroristes du 11 mars 2004 à Madrid, pour publier l'article diffamatoire, a donné aux accusations de Lmrabet "un écho qu'elles n'auraient jamais obtenu" en d'autres circonstances, ajoute Me Santaella. L'avocat des correspondants de la MAP a versé au dossier toute une série d'articles parus dans des médias espagnols qui ont repris les accusations de Lmrabet, accusations qui ont été interprétées par les lecteurs d'une manière très simple: "les correspondants de la MAP (...) savaient que quelque chose se tramait en Espagne et qui pourrait avoir des conséquences aussi tragiques que celles survenues en mars 2004" à Madrid. Me Santaella relève plusieurs contradictions dans les déclarations de Lmrabet, notamment celles accordées au journal électronique "Periodista Digital" dans laquelle il dit qu'il ne savait même pas combien de journalistes travaillaient au bureau de la MAP à Madrid, faisant ainsi preuve de manque de rigueur et de professionnalisme. Comme réparation du préjudice causé à l'honneur et au prestige des correspondants de la MAP à Madrid, Me Santaella demande au tribunal de première instance de Madrid de signifier au collaborateur d'El Mundo de s'abstenir à l'avenir de faire de pareilles insinuations diffamatoires. Le défenseur des journalistes de la MAP demande aussi au tribunal d'infliger une amende à Ali Lmrabet et à faire publier à sa charge le texte du jugement qui sera rendu sur les colonnes du journal El Mundo et dans deux autres quotidiens espagnols d'audience nationale.