Plusieurs associations sahraouies des droits de l'Homme, soutenant Ahmed Khar, l'une des victime de la répression dans les camps de Tindouf, ont qualifié de "léger", mardi matin, le verdict prononcé par le tribunal de première instance de Rabat à l'encontre de Ali Lmrabet. Le tribunal avait condamné Lmrabet à une amende de 50.000 dirhams, à l'interdiction d'exercer le métier de journaliste pendant 10 ans et à payer un dirham symbolique à la victime Ahmed Khar, tout en publiant le prononcé du verdict dans le quotidien arabophone Al Ahdath Al Maghribia pendant trois semaines. L'Association Tribune Sahraouie pour l'Unité et la Fraternité, l'Association des Parents des Sahraouis Victimes de la Répression dans les Camps de Tindouf, l'Association Saqia Al Hamra pour l'Unité et la Solidarité ont souligné, dans des déclarations à la MAP, que le verdict "reste léger eu égard à la dimension de l'affaire qui ne touche pas uniquement le militant des droits de l'Homme, Ahmed Khar, mais porte également atteinte à plus de 30 millions de Marocaines et de Marocains". Pour sa part, Ahmed Khar, le plaignant, tout en exprimant sa satisfaction du verdict prononcé à l'encontre de Lmrabet, pense que le jugement est "léger" car, a-t-il expliqué, "cette affaire ne concerne pas seulement les séquestrés et les personnes ayant regagné le Maroc, mais l'ensemble des Marocains". De son côté, Me Abderrahim Bouhmidi, avocat du plaignant, a affirmé que le jugement reste "très léger" eu égard "à l 'arrogance et à la persistance de Ali Lmrabet dans ses allégations visant les citoyens marocains dans les provinces sahariennes et les séquestrés marocains à Tindouf". Pour sa part , Me Aderrahim Jamaï, avocat de Lmrabet, a déclaré à la MAP que ce verdict "prononcé par contumace est unique et inéquitable", exprimant sa protestation contre la décision du tribunal qui lui a refusé de plaider pour son client, de lui accorder un délai afin de préparer ses plaidoiries et de permettre à Lmrabet d'être présent au procès". Il a considéré que l'absence de l'accusé n'empêche pas l'avocat de défendre son client. Me Jamaï a "lancé un appel aux journalistes pour faire face à ce genre de verdicts inéquitables qui constitue un danger portant atteinte à la profession du journalisme". Il a indiqué que "dans ses écrits, Lmrabet n'a jamais évoqué le plaignant ou fait allusion à lui". "S'il y avait une loi qui s'applique aux juges contrevenants, celui ayant prononcé ce verdict devrait passer en conseil de discipline pour lui apprendre l'une des règles du travail judiciaire", a dit Me Jamaï. Plusieurs organisations sahraouies des droits de l'Homme ont dénoncé, à cette occasion, les tortures subies par les Marocains séquestrés à Tindouf, en brandissant des photos des victimes. Ils ont également exprimé leur rejet total des déclarations de Ali Lmrabet, les qualifiant de "mensongères", d'"allégations" et de "faux témoignage", soulignant que les Marocains détenus à Tindouf sont considérés comme des "séquestrés". Des exemplaires d'un livre intitulé "Violation des droits de l'Homme dans les camps de Tindouf : témoignages", élaboré par le Collectif des Associations des Droits de l'Homme au Sahara, ont été distribués à l'assistance. Le livre dénonce les violations des droits de l'Homme perpétrées par le "Polisario" dans les camps de Tindouf, à travers les tortures infligées aux Marocains séquestrés dans ces camps. Lmrabet avait déclaré en janvier dernier à l'hebdomadaire "Al Moustaqil" que "les séquestrés se trouvant à Tindouf sont libres de leurs mouvements et ne souhaitent pas regagner le Maroc".