L'affaire Fatiha Jeblia est close au moins en premier degré avec une condamnation de 10 ans de réclusion contre la principale mise en cause, 8 ans contre son bras droit, le surnommé Dab et un an contre les 32 policiers et gendarmes accusés de corruption. Enfin, l'affaire de Fatiha Jeblia et ses complices est close au moins en premier degré, à la chambre criminelle auprès de la cour d'appel de Rabat, en attendant la phase du deuxième degré. Cette femme, de son vrai nom Fatiha Himoude, a été condamnée, mercredi dernier, à 10 ans de réclusion criminelle et d'une amende de 20 mille dirhams. Cette sentence est assortie également du versement d'une amende équivalente à 520.080 dirhams au profit de l'administration des douanes. La condamnation se poursuit avec la confiscation de son argent déposé dans des comptes bancaires et l'expropriation de ses biens immobiliers au profit de l'Etat. Son bras droit, Abdelaziz Belahcen, alias Dab, qui purgeait une peine d'emprisonnement de 10 ans ferme pour trafic de drogue, a écopé d'une peine supplémentaire de 8 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 10 mille dirhams. En plus, la cour a ordonné à ce dernier à verser solidairement avec Fatiha Jeblia une amende de 20.880 mille dirhams à l'administration des douanes. Quant aux 25 policiers et 7 gendarmes accusés d'avoir été soudoyés par la mise en cause principale, ils ont été tous condamnés à un an de prison ferme assorti d'une amende de mille dirhams. Ces condamnations ont été pigées de « lourdes et sévères » par M. Abdelfettah Zahrach, avocat de la mise en cause principale, Fatiha Himoude. Ce dernier a exprimé, dans une déclaration à ALM, son étonnement à propos des peines, qui, selon lui, «n'ont pas respecté les conditions d'un procès équitable et d'une autonomie de la justice». M. Abdelfettah Zahrach du barreau de Rabat qui s'est interrogé sur le fait de juger des mis en cause coupable de trafic drogue et de corruption en l'absence de la condition du flagrant délit, a souhaité que la justice retienne en phase de deuxième degré tous les arguments innocentant les accusés présentés par les avocats de la défense devant la cour de la chambre criminelle en premier degré. La question qui demeure est la suivante : qui est cette femme qui a réussi à influencer et traîner derrière elle, une vingtaine de gendarmes et d'agents de police ? Fatiha Haïmoude, 40 ans, est issue d'une famille de sept frères et une demie-sœur. Cette femme a quitté les bancs de l'école précocement (niveau du huitième année d'enseignement secondaire). Voulant avoir une qualification professionnelle, elle a suivi une formation en dactylographie. Après quoi, elle a été embauchée, comme opératrice de saisie, dans une agence immobilière. Fatiha a été mariée et divorcée à deux reprises avant de rencontrer Mustapha Reggam, le trafiquant de drogue devenu son troisième mari à partir de1990. Le couple a eu un enfant. Le trafiquant de drogue a été condamné à 5 ans de prison ferme. Sa famille a pris la relève en entretenant son trafic dans l'attente de sa libération. La famille Reggam et à sa tête la mère de Mustapha s'est toujours impliquée dans les trafics de drogue. La mère du trafiquant a encouragé Fatiha à rejoindre le clan familial dans ses activités illicites. Petit à petit, cette dernière est devenue une sorte de baronne dans le trafic du hachisch au quartier Oued Eddahab, à Salé. Assistée par Abdelaziz Belahcen, né en 1972 à Salé, le réseau s'est agrandi au point d'assurer l'approvisionnement au niveau de toute territoire national. Après avoir été arrêtée en 2003 et condamnée à 10 ans de réclusion criminelle, Fatiha s'est retrouvée sans personne pour l'assister dans son trafic. En effet, Abdelaziz Belahcen s'occupait de tous les rouages de l'activité depuis la réception du haschich jusqu'à sa distribution entre les dealers. Ce dernier s'occupait également des policiers et gendarmes en les soudoyant pour qu'ils ferment les yeux. Ce n'est que le 31 août 2004, que cette femme recherchée a été arrêtée après une descente dans une villa située au quartier Aïn Diab à Casablanca. Interrogée par les éléments de la brigade nationale de la police judiciaire, elle aurait avoué ses délits. Seulement, une fois devant la cour elle a tout nié. Elle a déclaré à la cour aussi n'avoir aucune liaison avec le trafiquant de drogue surnommé Dab, ni avec les agents de la police et de la gendarmerie accusés de corruption. Abdelaziz Belahcen a également nié avoir travaillé pour elle et avoir versé des pots-de-vin aux policiers et gendarmes. En attendant la deuxième phase de l'affaire de Fatiha Jeblia, elle et ses complices ont été conduits, mercredi, à la prison de Salé alors qu'ils clament encore leur innocence.