Saâd El Alami, ministre istiqlalien, assure que les partis politiques enrichissent l'action gouvernementale. Selon lui, les dernières déclarations d'Abbas El Fassi ont été surdimensionnées. ALM : Le parti de l'Istiqlal a toujours fait preuve de soutien critique vis-à-vis du gouvernement de l'alternance. Est-ce toujours le cas ? Saâd El Alami : Tant que nous serons un des partis membres du gouvernement, nous soutiendrons son action et essentiellement son programme à l'élaboration duquel nous avons amplement participé. C'est tout à fait naturel. Par ailleurs, je ne pense pas que le parti de l'Istiqlal soit une formation qui fait systématiquement preuve de soutien critique, comme vous le dites. Il faut reconnaître que c'est une notion assez floue. En fait, dans tout gouvernement de coalition, le programme est le résultat d'un travail collectif et d'un consensus général. C'est une plate-forme politique qui englobe les dénominateurs communs de l'ensemble des composantes gouvernementales. Parallèlement, il est tout à fait normal et légitime pour les partis politiques de militer pour la réalisation de leur propre programme. Beaucoup plus qu'un soutien critique, il s'agirait plutôt d'un enrichissement de l'action gouvernementale. Le but n'est pas de détruire ce que l'exécutif est en train de construire ou de critiquer tout ce qu'il entreprend. Non, l'objectif est d'améliorer l'action gouvernementale pour plus de rapidité et d'efficience. Pourtant, le président du groupe istiqlalien a déclaré que le parti votera sans grande conviction pour le budget 2004. Qu'en pensez-vous ? Il n'a pas dit cela exactement. Ce qu'il a déclaré c'est que l'Istiqlal votera pour le projet de loi de Finances, tout en étant conscients que certaines contraintes sont responsables d'une inadéquation entre le Budget et les aspirations des citoyens Marocains. Cette remarque a été faite par plusieurs partis politiques et pas seulement l'Istiqlal. Quelle est, selon vous, le principal point faible de l'action gouvernementale ? Je ne parlerais pas de points faibles, mais plutôt de remarques. Comme je l'ai souligné, nous œuvrons pour que l'action gouvernementale soit la plus efficace possible. C'est dans ce cadre que nous estimons que la politique de proximité engagée par le gouvernement n'est pas assez profonde et élargie. J'entends par cela qu'elle ne touche pas tous les Marocains, partout où ils se trouvent. Y a-t-il, selon vous, un manque de communication entre les différentes composantes du gouvernement, notamment sur des dossiers sensibles comme celui du Sahara ? Tout d'abord, je pense qu'un minimum de communication est assuré entre les différents ministres. Mais cela n'empêche pas des ministres de développer la communication entre leurs départements. Le Premier ministre veille également à ce que ce type de communication soit développé, notamment en instaurant des canaux de communication, telles que les commissions ministérielles où se réunissent tous les ministres concernés par un sujet déterminé. Ceci dit, certains estiment que tout doit être traité et débattu, jusqu'au moindre détail, au sein du Conseil du gouvernement. Je pense personnellement que dans la pratique il est difficile, voire impossible, de soulever tous les sujets d'intérêt général au sein de la réunion hebdomadaire de l'exécutif. Est-ce une manière, pour vous, de mettre un bémol aux déclarations attribuées au secrétaire général de l'Istiqlal sur le manque de communication au sein du gouvernement ? Non. Mon but n'est nullement de contredire les paroles du secrétaire général, ni de corriger ce qu'il a dit ou pas à des journalistes. Ce que je sais, concernant ce sujet, c'est qu'il ne s'agit que d'une simple discussion dans les couloirs du Parlement. Certainement, les dires du secrétaire général ont été mal interprétés ou même surdimensionnés. Le gouvernement n'est pas marginalisé sur les questions sécuritaires et il traite de l'ensemble des sujets ayant trait à l'intérêt du Maroc et à son intégrité territoriale. Je pense que ce n'est un secret pour personne.