Des producteurs marocains déplorent l'absence d'une réaction gouvernementale pour rassurer les producteurs de films étrangers au Maroc. Ils lancent un appel pour l'adoption d'un discours commun et croisent les doigts pour qu'Oliver Stone ne déserte pas notre pays. Explications. Inutile de répéter que les attentats de Casablanca ont mis en péril les productions de films étrangers au Maroc. Les annonces de reports ou d'annulations pleuvent. Tout le monde guette la bonne nouvelle. Elle est venue de la maison de production « Dream Maker », établie à Marrakech. Roger Christian, réalisateur de « Battle Field » avec John Travolta, a maintenu les repérages techniques en vue d'un long-métrage avec comme tête d'affiche Omar Chérif. La nouvelle de l'arrivée de l'équipe a été vite suivie de celle de son ajournement. «Roger Christian est toujours occupé par le tournage d'un autre film, mais nous sommes confiants», nous dit Fouad Challa, directeur de «Dream Maker». Il embraie, toutefois, très vite pour appeler le gouvernement et les producteurs marocains à se mobiliser «en vue d'adopter un discours commun». «Il n'y a pas eu de communiqué officiel adressé aux producteurs étrangers pour leur donner des garanties de sécurité !», s'écrie-t-il. Il ajoute que le Maroc a payé un lourd tribut après la première guerre du Golf. «Quatre ans de vaches maigres !» Pour parer à cette éventualité, il appelle le gouvernement et les producteurs à valoriser la destination du Maroc. «Avec M. André Azoulay, qui appuie les productions étrangères, le gouvernement doit initier une série de rencontres avec les producteurs étrangers», explique-t-il. Il ajoute que la nouvelle d'une annulation se propage très vite, en entraînant d'autres. Il n'en veut comme preuve que les appels qu'il a reçus au sujet de la délocalisation en Australie du tournage d' «Alexandre le Grand» du producteur Dino De Laurentiis. «Lorsqu'on me parle de ce film, je réponds qu'il est normal que son réalisateur, Baz Luhrmann, qui est Australien fasse tout pour que le tournage se réalise dans son pays». Fouad Challa dit fonder tous ses espoirs dans l'autre «Alexandre le Grand», d'Oliver Stone. «C'est l'exemple que nous citons aux producteurs étrangers, il faut que le tournage de ce film s'effectue au Maroc !» Karim Abou Obayd est le directeur de production d'«Alexandre le Grand» d'Oliver Stone. Il est très confiant. «L'équipe présente à Marrakech pour les repérages techniques s'accroît tous les jours. Dix personnes sont venues hier ! Le nombre des techniciens s'élève maintenant à 30 personnes. Nous avons ouvert de nouveaux bureaux et nous disposons d'un compte bancaire. Le tournage aura lieu au mois de septembre», nous précise-t-il. Karim Abou Obayd explique l'absence d'un communiqué en direction des producteurs étrangers par les divergences entre les producteurs marocains. Il explique à cet égard : «en réalité, il est difficile de nous rassembler, mais je suis disposé à m'asseoir autour d'une table avec les hommes de mon métier». Sarim El Fassi, directeur des studios Cinédina, applaudit également l'initiative d'une rencontre entre les producteurs et se dit prêt à y participer. Il y apporte toutefois une réserve : «Pourquoi se réunir seulement en temps de crise ? Les personnes qui s'occupent des productions étrangères, et délaissent les productions nationales, n'ont jamais adopté de discours corporatif !», s'étonne-t-il. Sarim El Fassi pointe, en plus, un doigt accusateur sur le Centre Cinématographique Marocain (CCM) «qui n'a jamais rien fait pour promouvoir le Maroc à l'étranger !» Abdelkader Hallaoui, chef de la division de la production au CCM, ne partage pas cet avis. «Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour tranquilliser les producteurs étrangers et leur fournir des garanties de sécurité», dit-il. Interrogé sur des détails concernant ce «tout», il répond que le CCM a œuvré activement pour rassurer les producteurs d'«Alexandre le Grand» d'Oliver Stone. À son initiative, «ils ont été reçus, la semaine dernière, par le général Hosni Benslimane qui leur a donné toutes les garanties de sécurité», dit-il. Ainsi, plus que jamais le sort des productions étrangères semble dépendre de la chevauchée d'Alexandre le Grand, version Stone, au Maroc.