Les attentats de Casablanca mettent en péril la présence des productions cinématographiques étrangères au Maroc. Le tournage d'« Alexandre le Grand », le film d'Oliver Stone, dépend d'une réunion qui aura lieu ce mercredi en Californie. Les professionnels disent que l'avenir des films étrangers au Royaume est lié à l'issue de cette réunion. On craint le pire pour le tournage des films étrangers prévus dans notre pays. On appréhendait déjà les réactions des producteurs étrangers lors de la guerre en Irak. Cette fois-ci, ce n'est pas la situation politique internationale qui est mise en cause, mais l'onde de choc provoqué par les explosifs qui ont retenti chez nous. L'avenir des tournages des films étrangers au Maroc est lié à « Alexandre le Grand », selon Abdelkader Hallaoui, chef de la division de la production au Centre Cinématographique Marocain (CCM). « Franchement, si le tournage du film d'Oliver Stone est annulé, c'en est fini pour les productions étrangères dans notre pays, et pendant longtemps ! », dit-il. Abdelkader Hallaoui reste toutefois confiant. Il nous a dit que les producteurs de ce film se sont réunis, dimanche soir à Los Angeles, et ils ont décidé de ne pas changer le lieu des prises de vue. Il a ajouté qu'une réunion des producteurs de ce long-métrage avec les assureurs est prévue ce mercredi 21 mai. C'est de cette réunion que dépendra le sort d' «Alexandre le Grand» au Maroc. Si les assureurs se désistaient, estimant que Maroc constitue «un pays à risque», l'effet de cette annulation se propagerait très vite, en entraînant d'autres. Dans le cas inverse, le maintien du tournage va constituer, selon chef de la division de la production au CCM, «une chance inouïe». Il donnerait l'exemple à d'autres producteurs qui hésitent encore à opter pour le Maroc. Sarim El Fassi, directeur des studios Cinédina, est, quant à lui, en négociation avec Oliver Stone pour prendre en charge l'organisation du film. Il nous a précisé que «l'équipe du film est encore à Marrakech. Si aucune décision n'est prise d'ici mercredi ou jeudi, c'est que tout va bien !» Sarim El Fassi réduit toutefois l'impact des attentats de Casablanca sur l'industrie cinématographique. Il estime qu'il existe «une mondialisation de la terreur et que l'on sait, aujourd'hui, qu'un pays n'est pas plus dangereux qu'un autre rien que parce qu'il a été le théâtre d'un attentat ». Il n'en veut comme preuve que le maintien d'une production française au Maroc. « Des clients français m'ont appelé comme convenu le lundi pour me confirmer leur présence au mois de juin », dit-il à cet égard. Il ajoute que la chose aurait été très peu envisageable, il y a une dizaine d'années. Cet optimisme n'empêche pas toutefois le chef de la division de la production au CCM de dire : « nous avons peur ! » Des producteurs canadiens qui étaient en contact avec la maison de production Cinétéléma, établie à Casablanca, ont en effet reporté leur visite au Royaume pour les premiers repérages. Latif Lahlou, directeur de Cinétéléma, précise qu'il s'agit d'un long-métrage du réalisateur québécois François Girard. « Une grande production », ajoute-t-il à moitié amer. L'effet boule-de-neige des annulations est à craindre. C'est en raison de cela que les professionnels attendent beaucoup du maintien du tournage d'«Alexandre le Grand». Il va rassurer les producteurs étrangers. Il ne reste qu'à espérer que tout se déroule selon les plans d'Oliver Stone et de ses amis marocains. D'autant plus que le rôle-titre de son film renvoie à un stratège à qui il faut bien plus qu'un acte terroriste pour lui faire changer de chemin.