Abusant de la confiance qu'il inspirait à une mineure de 12 ans, Mohamed, la trentaine, n'a pas hésité à la violer et à la ramener ensuite chez elle pour dire à sa famille qu'elle avait été violée par des voyous. Chambre criminelle, premier degré, près la Cour d'appel de Kénitra. Mohamed est au box des accusés. À pas lents, Halima, 12 ans, accompagnée de sa mère, répond à l'appel du président de la cour. Elle n'arrivait pas à croiser le regard de Mohamed. Elle gardait les yeux fixés à terre avant que le président ne lui demande de sortir de la salle d'audience pour attendre qu'il interroge le mis en cause. Visiblement, elle ne souhaitait pas être présente à cette audience. Parce que toute cette scène ravivait le souvenir de ce qu'il lui était arrivé. Halima poursuivait ses études primaires dans une école de la commune Laksasfa. Elle y a passé ses six premières années avant d'aller au collège situé à quelques kilomètres de chez elle. Pour y arriver, elle était obligée de traverser plusieurs champs. De temps à autre, elle était accompagnée de voisins de son douar qui se rendaient au centre du village pour y faire leurs courses. Comme à l'accoutumée, Halima s'est réveillée tôt ce jour de printemps et a préparé le petit-déjeuner à toute la famille. Ensuite, elle a changé ses vêtements et a pris son cartable pour emprunter le chemin à destination de son collège. Elle était seule. Quand elle est arrivée près d'un champ appartenant à une famille qui avait une étroite relation avec la sienne, elle a entendu quelqu'un qui l'appelait : « Halima !, Halima!… ». La jeune fille a tourné la tête vers Mohamed, la trentaine, célibataire, jouissant d'une bonne réputation au douar. Il était sur sa charrette tirée par un cheval. Elle le connaissait puisqu'il venait souvent chez son père et ses frères. Elle s'est arrêtée pour savoir ce qu'il lui voulait. Avec sa gentillesse coutumière, il est descendu de sa charrette, s'est avancé vers elle et lui a proposé de l'accompagner. Elle n'avait aucune raison de refuser. D'abord, son collège était encore loin et ensuite Mohamed est une brave personne dont elle ne se méfiait pas. Elle a accepté et est montée sur la charrette sans crainte. Une centaine de mètres plus loin, Mohamed s'est arrêté. Pourquoi ? Halima n'en savait rien. Elle lui a lancé un regard interrogateur Il l'a dévisagée avant de lui demander de descendre. « Mais je dois arriver à temps à l'école, si tu as quelque chose à faire, je vais m'en aller à pied, comme tous les jours », lui dit-elle. Avec agressivité, il lui a demandé de descendre et de l'accompagner. Où ?, lui a-t-elle demandé. Il lui a ordonné de se taire. «Sinon, je vais te malmener», la menaça-t-il. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle lui a fait ? Pourquoi l'empêcher d'aller à son école ? Fondant en larmes, elle a obtempéré à son ordre. Elle est descendue et s'est tenue debout devant lui. Il l'a tirée brutalement pour la conduire à l'intérieur d'un champ. Elle pleurait à chaude larmes. Pour la faire taire, il l'a giflée violemment. Et il a passé à l'action : il l'a déshabillée de force et a abusé d'elle. Halima n'aurait jamais pu penser qu'un homme comme Mohamed se transformerait en monstre. Elle n'arrivait même pas à croire ce qui lui arrivait. Ensuite, il lui a demandé de ne rien dévoiler à ses parents. Il lui a proposé de la conduire jusqu'à son collège. « Non, emmène-moi chez moi », lui demanda-t-elle, les larmes aux yeux. Il l'a embarquée et a fait demi-tour pour la ramener chez ses parents. Là, elle a perdu connaissance, ce dont a profité Mohamed pour prétendre qu'il l'a découverte après qu'elle a été agressée par des voyous : « Je l'ai trouvé allongée par terre les larmes aux yeux, elle a été agressée et violée par des jeunes qui ont pris la fuite ». En se réveillant, elle a aperçu son violeur. Perturbée, elle a lancé un cri de détresse en le suppliant de ne plus abuser d'elle. Devant les regards des parents de Halima, Mohamed a pris la poudre d'escampette. Quelques jours plus tard, il a été arrêté pour être traduit en justice. Mohamed a tenté de se disculper devant les magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Kénitra. Mais en vain. Car le témoignage de la victime était poignant. Convaincue de la culpabilité du mis en cause, la Cour l'a condamné à 6 ans de réclusion criminelle. Un châtiment qui n'effacera pas de sitôt les mauvais souvenirs qui hantent quotidiennement l'esprit de Halima.