Depuis son siège au Maroc, cette structure de la BAD multiplie les projets Alors que l'Afrique a besoin d'un grand effort financier pour réaliser des infrastructures, les chefs d'Etat africains ont appelé à trouver des solutions innovantes dès 2012. Après de larges consultations avec les parties prenantes africaines, la Banque africaine de développement a établi Africa50 comme nouveau véhicule d'investissement. Il a été conçu comme un fonds d'infrastructure indépendant axé sur les projets nationaux et régionaux à fort impact, principalement dans les secteurs de l'énergie et des transports, l'accent étant mis sur l'accroissement du nombre de projets prêts à investir. Il faut dire que les dernières estimations de la BAD sur les besoins de financement des infrastructures en Afrique sont de 130 à 170 milliards de dollars par an avec un écart de 68 à 108 milliards de dollars. Le financement public, bien qu'important, ne suffira pas à combler à lui seul cet écart. De même, les besoins en dépenses de développement de projets ne sont pas satisfaits. «Africa50 est conçu pour réduire ces écarts et pourrait débloquer jusqu'à 50 milliards de dollars de valeur de projet grâce à ses investissements en actions et à ses capacités à valeur ajoutée», expliquent les responsables. Concrètement, Africa50 mobilise des fonds non seulement auprès des Etats africains et des institutions financières internationales, mais également auprès d'investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension et les fonds souverains, les compagnies d'assurance et d'autres entités du secteur privé. Il fonctionne comme une institution financière commerciale, cherchant à offrir un retour attractif aux investisseurs. «L'Assemblée générale constitutive des actionnaires fondateurs s'est tenue en juillet 2015 à Casablanca, avec environ 700 millions de dollars de souscriptions initiales en capital de 20 Etats africains et de la Banque africaine de développement. 90% des engagements financiers ont été affectés au financement de projets et le reste au développement de projets. La base d'investisseurs d'Africa50 est actuellement composée de 28 pays africains, de la Banque africaine de développement, de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et de Bank Al-Maghrib, avec plus de 870 millions de dollars de capitaux engagés», précise la même source. Il faut préciser que Africa50 est une entité juridiquement et financièrement indépendante. Sa gouvernance suit la pratique du secteur privé, bien qu'elle bénéficie des privilèges et immunités accordés aux institutions multilatérales. Son siège est à Casablanca, au Maroc. Il est composé de deux entités juridiques: Africa50 Project Development et Africa50 Project Finance. Chaque entité possède ses propres organes de capitalisation et de décision. Africa50 appartient à 28 gouvernements, deux banques centrales et la Banque africaine de développement, et d'autres devraient adhérer. Les actionnaires souverains actuels sont: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, République démocratique du Congo, Djibouti, Egypte, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Côte d'Ivoire, Kenya, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Maurice, Maroc, Niger, Nigeria , République du Congo, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Soudan, Togo, Tunisie et Zimbabwe. Les banques sont la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et Bank Al-Maghrib. Les investissements du fonds Africa50 réalisés jusqu'ici portent notamment sur le secteur de l'énergie, notamment au Cameroun et en Egypte. Un intérêt est également montré pour le financement des infrastructures numériques. Dans ce sens, près de la moitié des investissements prévisionnels sont prévus dans le secteur des TIC. Même si le fonds n'a pas encore atteint l'objectif de 1 milliard de dollars, les responsables continnent de financer de nombreux projets. Ainsi, la République de Guinée, Africa50 et le Groupe français ADP viennent de signer une convention pour la modernisation et l'extension de l'aéroport international de Gbessia.