La Comanav visait une place dans le transport des voyageurs entre les deux rives de la Méditerranée. Avec la reprise de Limadet, elle devient leader sur cette activité passagers, avec 26 % de parts de marché. Tout va bien pour le meilleur des mondes pour Toufik Ibrahimi, P-DG de la Comanav. Sa vision pour la remise à flot du transporteur maritime public, déclaré en faillite virtuelle en 2001, poursuit son cheminement. Après avoir réussi à dégraisser «le Mammouth» avec 600 départs dans des conditions favorables aux deux parties, son souhait de développer l'activité commerciale de la Comanav visait une croissance externe afin de mieux se positionner sur la branche très concurrentielle du transport des voyeurs entre les deux rives de la Méditerranée. La cible repérée par le management de la société était la société les Lignes Maritimes du Détroit (Limadet Ferry), basée à Tanger. La Comanav a été déclarée adjudicataire de l'appel d'offres relatif à la cession de la Limadet. Les prétendants à la reprise de cette société tant marocains qu'espagnols étaient légion. L'offre stratégique mise en avant par la Comanav a assurément fait la différence. Les pourparlers avec l'actionnaire de référence, la BNDE (75,5%), désormais sous la coupe de la Caisse de Dépôts et Gestion (CDG) et autre actionnaire de Limadet (17,5%) permettront la finalisation du montage financier. Toutefois, si l'apport stratégique est bien réel, hériter d'un transporteur maritime comme Limadet peut être risqué. En effet, la Comanav se placerait assurément en position confortable pour accompagner les mutations de l'activité transport des voyageurs grâce notamment au port Tanger-Méditerranée qui devrait, à terme, attirer les 1,74 millions de passagers transitant par Sebta. Déjà, par cette acquisition, Comanav devient leader sur l'activité passagers avec 26 % de parts de marché. Limadet c'est 3500 passagers transportés par an entre Tanger-Algésiras et Nador-Almeria. Par contre, l'autre facette est que le passif de la société est conséquent. L'étude réalisée par Wafa Trust, organisme conseil pour la cession, a mis le doigt sur plusieurs aspects problématiques. Ainsi, les rédacteurs ont pris la précaution de décliner toute responsabilité en avouant «n'avoir eu accès aux informations autres que celle que les dirigeants de Limadet ont bien voulu leur fournir». Donc, la Comanav avance dans un terrain miné que ces conseillers prendront soin de traiter. Autre facette, Limadet est qualifiée d'entreprise très endettée où travaillent plus de 200 personnes. La créance de la BNDE envers Limadet arrêté à fin 2002 est de 120 millions de DH. Il est pratiquement acquis que les négociations portant sur le volet financier permettront de dépasser ce point, dans l'intérêt des deux contreparties. Pour l'heure, compte-tenu de l'importance primordiale du secteur des transports et de ses impacts sur l'économie, le programme d'ajustement structurel du secteur qui a été lancé en partenariat avec l'Union européenne est bien en marche. Ce programme, étalé sur la période 2002-2004, comporte un appui budgétaire accompagnant l'ensemble des réformes. Le redressement de la Comanav est réel. Il est cité en référence comme modèle de management d'une entreprise publique. La situation financière de la compagnie maritime était catastrophique. Les responsables de cette Compagnie ont concocté un contrat-programme couvrant la période allant de janvier 2002 à décembre 2005. Aux termes de ce contrat, l'Etat s'est engagé à augmenter le capital de cette entreprise publique à hauteur de 150 millions de dirhams correspondant à sa quote-part dans le capital social de la Compagnie qui a été portée à 478 millions de dirhams. Les engagements des pouvoirs publics portent également sur l'examen avec la Comanav la mobilisation du complément de financement nécessaire à la couverture des besoins de financement de cette entreprise. D'autres mesures interviendront pour assurer la mise à niveau et la promotion du secteur de la Marine marchande. En contrepartie, la Compagnie a été appelée à entreprendre des mesures d'ordre structurel pouvant l'aider à faire face à la conjoncture internationale. Lesquelles obligations sont d'ordre opérationnel, commercial, organisationnel, financier et touchent également la gestion des ressources humaines. La privatisation devra consacrer le travail fourni.