Ils souffrent d'un cancer et le temps joue contre eux faute d'une prise en charge par l'Etat. Désespérés, des patients atteints de cancer ont lancé il y a plusieurs jours une campagne intitulée «Mabgenash_Nmoto_Bsaratan –»(Nous ne voulons pas mourirdu cancer) sur les réseaux sociaux. A travers cette initiative,ils appellent le gouvernement et plus particulièrement le ministère de la santé à avoir accès à des soins gratuits vu le coût exorbitant des traitements. Le lundi 23 décembre, une pétition a été lancée sur les réseaux sociaux pour la création d'un fonds destiné à la lutte contre le cancer, en instaurant une prise encharge pour tous les patients atteints de cancer. La situation est aujourd'hui alarmante : de nombreux patients risquent de ne plus être en mesure de prendre leurs traitements parce qu'ils ne peuvent pas les payer de leurs poches. En effet, bonnombre d'entre eux n'ont pas de revenus fixes, ni suffisants leur permettant de se procurer des médicaments et traitements nécessaires. Ainsi, la majorité des patients qui sont démunis ne peut pas recourir aux hôpitaux privés. A ceci s'ajoute la fatigue des nombreux déplacements qu'ils doivent effectuer pour leurs traitements. Originaires pour la plupart de régions éloignées, ils doivent sans cesse se déplacer pour leurs séances de chimiothérapie ou de radiothérapie. Des témoignagesde femmes luttant contre le cancer et se plaignant d'un manque de prise en charge par l'Etat ont été diffuséssur les réseaux sociaux. A travers des vidéos, desphotos et des témoignages,ces femmes dénoncent la lenteur des prises de rendez-vous ainsi que le manque,voire la pénurie des médicaments anticancéreux. La gratuitédu traitement constitue l'unique solution pour leur survie. Cette campagne a eu un grand écho sur les réseaux sociaux en faisant réagir les citoyens, la société civile ainsique les parlementaires. Des députés d'ailleurs interpellent le ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, sur la gravité de cette maladie en pointant du doigt la hausse alarmante des cancers, notamment du sein et du col de l'utérus, ainsi que la souffrance des patients et de leurs familles vu le coût extrêmement élevé des traitements. Cette campagne révèle les anomalies que connaissent les centres d'oncologie, notamment la pénurie des médicaments et l'inaccessibilité des traitements. Au Maroc, ce sont 40.000 nouveaux cas de cancers qui sont diagnostiqués chaque année, selon le ministère de la santé. Le cancer du sein est le premier cancer au Maroc. Il représente à lui seul 35,8% de tous les cancers féminins, ce qui représente environ 8.000 nouveaux cas par an. Pour sa part, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) – un organisme relevant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), avait révélé au Maroc que le taux d'incidence du cancer est de 139,6 cas par 100.000, et le taux de mortalitéest estimé à 86,9 cas par 100.000. Les Marocains ont, selon le CIRC, 14,67% de probabilité de contracter un cancer avant l'âge de 75 ans, et 9,28% de risque d'en mourir avant le même âge. Le CIRC avait estimé qu'en 2018, 52.783 nouveaux cas de cancer ont été recensés dans le Royaume. Les cancers du sein arrivent en tête avec 10.136 cas, suivis de ceux du poumon (6.488 cas) et de la prostate (3.990).