L'Espagne serait sur le point de changer de position sur la question du Sahara. Madrid, qui refusait toute solution autre que le référendum, opterait pour l'autonomie sous souveraineté marocaine, affirment des sources proches du dossier. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé un message au président du gouvernement espagnol, José Maria Aznar. La missive royale a été remise au chef de l'Exécutif espagnol par le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taieb Fassi Fihri, lundi à Madrid au palais de la Moncloa (siège de la présidence du gouvernement espagnol). Le message royal porte sur l'évolution des relations entre le Maroc et l'Espagne ainsi que sur les développements dans la région, a indiqué le responsable marocain. Bien qu'elle ait été tenue dans une discrétion totale, puisque la presse n'a pas été autorisée à couvrir l'événement, la rencontre a été largement médiatisée par la presse espagnole qui lui accordée une grande importance étant la première rencontre entre Aznar et un responsable marocain depuis le rappel par Rabat de l'ambassadeur marocain à Madrid pour consultations. Parmi les sujets ayant été à l'ordre du jour de la rencontre, figure le dossier du Sahara. L'Espagne, étant membre non-permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre marocain a expliqué au chef du gouvernement espagnol la position marocaine sur les dernières propositions de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara, James Baker. Par ailleurs, des sources proches du gouvernement espagnol affirment que Madrid serait sur le point de marquer un grand changement dans sa position dans l'affaire du Sahara. Ainsi, la politique espagnole, qui a toujours été plus favorable aux thèses des séparatistes de Tindouf, marquera un virage de cent-quatre-vingts degrés. Madrid, affirme-t-on pourrait voter favorablement un projet d'autonomie au Sahara sous la souveraineté marocaine. Il est à signaler que les Espagnols se sont toujours attachés à l'organisation d'un référendum d'autodétermination en tant que solution à ce conflit artificiel. Rappelons que le ministre marocain avait eu plusieurs rencontres avec les responsables espagnols avant d'être reçu par le président du gouvernement ibérique. Lors d'une conférence de presse, donnée à l'issue d'une séance de travail du groupe maroco-espagnol des Affaires politiques avec le secrétaire d'Etat espagnol aux affaires extérieures, Ramon Gil-Casares, Fassi Fihri avait demandé à la communauté internationale, et particulièrement l'Espagne, de "renforcer et d'appuyer les efforts en cours pour parvenir à une solution politique, définitive et réaliste". Le plus important, a-t-il dit, est d'aboutir "le plus rapidement possible à cette solution pour qu'enfin le Maghreb puisse s'organiser et être un partenaire organisé de l'Union européenne, et, pour nous consacrer à l'œuvre grandiose d'intégration maghrébine pour répondre aux défis communs qui se posent à tous les Etats du Maghreb, à savoir le développement dans la sécurité et la stabilité". Il a aussi rappelé le rôle "fondamental" que peut jouer l'Espagne en vue de "comprendre les réalités du terrain et appuyer les efforts qui sont déployés depuis maintenant plus de deux ans par la communauté internationale dans la recherche d'une solution politique de la question du Sahara. "Pour cela, il a précisé que le polisario ne représente pas les populations sahraouies et que des dizaines de milliers de marocains authentiquement sahraouis résident dans les provinces du Sud et "vivent leur marocanité, participent au débat démocratique, aux consultations référendaires et s'organisent comme tous leurs compatriotes marocains".