L'ancien ministre de l'Artisanat, aujourd'hui député MNP de Beni-Mellal, Hassan Maâouni affirme que l'aile dure de la mouvance populaire est prête à former une nouvelle majorité pour former son gouvernement. Entretien. ALM : L'UMP compte-t-elle toujours présenter un candidat pour la présidence de la première Chambre du Parlement? Hassan Maâouni : Jusqu'à présent, l'UMP maintient le principe de présenter un candidat à ce poste. C'est une décision qui fait suite à une rencontre des députés du groupe UMP, suivie d'une réunion avec les trois chefs de partis. Et contrairement à certaines rumeurs, ces derniers sont toujours favorables au principe de présenter un candidat UMP. Quel est votre candidat? Pour une question d'agenda, le groupe UMP et les trois chefs de partis n'ont pas encore discuté du nom du candidat. Mais avons convenu de nous réunir le 2 ou le 3 avril prochain, soit une semaine environ avant l'ouverture de la session parlementaire du printemps. Est-ce que vous allez entamer des négociations avec les autres partis avant le choix du candidat? Vous savez, les négociations continueront jusqu'à la dernière minute. Les contacts existent entre les responsables de l'ensemble des partis, notamment les chefs des groupes. Soit par téléphone, soit par rencontres directes. Je me refuse de vous livrer, aujourd'hui, le contenu de ces pourparlers. Mais ce qui est sûr c'est que tout le monde sait que le 8 avril est une date fatidique. L'USFP ne voit pas les choses sous cet angle. Ce parti estime que l'accord conclu au moment de la constitution de la majorité incluait tout le mandat de Radi. Je ne partage pas du tout cette vision. J'ai moi-même participé aux négociations de 2002 qui ont abouti à la constitution de l'actuelle majorité. Je peux donc vous assurer que nous n'avions jamais eu l'intention de violer les dispositions constitutionnelles qui stipulent, mot à mot, que le président est élu d'abord en début de législature puis à la session d'avril de la troisième année de cette dernière et pour la période restant à courir de celle-ci. En clair, nous ne nous sommes jamais mis d'accord sur la reconduction d'Abdelouahed Radi. Pourquoi avoir accepté Radi en 2002, alors? La raison est toute simple. A l'époque, l'USFP était le premier groupe de la Chambre. Nous l'avons donc soutenu. Aujourd'hui, il se trouve que l'UMP a le plus grand nombre de députés. Tout le monde lui reconnaît cette place. Nous avons le poste de premier vice-président par exemple. Et malgré cela, on nous refuse le droit de briguer la présidence. C'est complètement illogique. Justement, pourquoi les partis de la majorité refusent de s'aligner pour votre candidat? Certains essayent de tirer au maximum la couverture vers eux. Ils ignorent que toute négociation consiste à savoir partager les intérêts. Quand on veut tout rafler, le sentiment de frustration de nos partenaires finit par se transformer en volonté de vengeance. Sachant que vous exigez des nominations royales, Driss Jettou risque de ne pas pouvoir répondre favorablement à vos conditions. Dans ce cas, accepteriez-vous des promesses de sa part? Au sein du groupe haraki, il y a schématiquement deux tendances. La première est représentée par des personnes souples, souhaitant avant tout préserver la majorité gouvernementale. L'autre tendance, par contre, est très intransigeante. Les tenants de cette ligne estiment que les harakis ont obtenu en 2002 des promesses de Jettou, mais qu'il n'a jamais tenues. Que veulent ces intransigeants, alors? Ils estiment que si la majorité actuelle doit tomber, alors qu'elle tombe. Ils sont prêts, si SM le Roi le demande, à contacter d'autres groupes parlementaires pour la formation d'une nouvelle majorité. Pour eux, cela se passe dans toutes les démocraties du monde, pourquoi pas au Maroc Personnellement, est-ce que vous partagez cette opinion. Si oui, envisagez-vous une alliance avec le PJD? Je partagerais cette opinion si elle est démocratiquement acceptée par l'ensemble du groupe. Je pense sincèrement que la démocratie doit être renforcée par la pratique politique et non pas des compromis qui ressemblent souvent à des compromissions. Pour ce qui des alliances, je tiens à vous préciser que nous n'avons pas encore de liste de partis à contacter. Mais personnellement, je ne vois aucun inconvénient à être dans une même majorité avec le PJD ou à voter ensemble.