L'Exécutif se finance de plus en plus auprès des Caisses des retraités actuels ou futurs sous différentes formes Les caisses de retraite se sont transformées en une mine d'or pour le gouvernement. Ce dernier se finance de plus en plus et à intervalle régulier auprès de ces caisses. Plus encore, le financement de l'Etat auprès de ces structures prend une multitude de formes et atteint des chiffres plutôt importants. Au cours des six derniers mois, l'Etat a pu obtenir sous forme de cessions et d'emprunts des dizaines de milliards de dirhams. Ce fut le cas lors de la cession d'une partie des actions détenues par l'Etat dans l'opérateur historique des télécommunications. Pour rappel, la cession de 8% de l'Etat s'est faite en deux temps. Une première sur le marché des blocs alors que la deuxième était sous forme d'une offre de vente au public. Inutile de rappeler que le plus gros des parts de l'Etat proposé à la vente au titre de ladite opération a été cédé sur le marché des blocs principalement auprès des Caisses de retraite. Dans le détail, cette première opération a permis de rapporter au gouvernement pour le compte de l'Etat la bagatelle de 6,69 milliards de dirhams (52,7 millions d'actions détenues par l'Etat, au prix unitaire de 127 dirhams l'action). Certes, les investisseurs institutionnels précités comptaient des banques et des compagnies d'assurances mais les caisses de retraite ont servi de socle pour l'opération. Les chiffres sont édifiants. Sur les 6,69 milliards de dirhams obtenus sur le marché des blocs, les caisses de retraite, en l'occurrence le RCAR (Régime collectif des allocations de retraite) et la CMR (Caisse marocaine des retraites), ont acquis des actions pour la valeur de 2 milliards de dirhams chacun en juin, soit un total de 4 milliards de dirhams. Quelques mois après cette première opération, le gouvernement annonce un nouveau deal avec la CMR. Dans cette opération qui ressemble à une vente de gré à gré, les deux parties, à savoir le gouvernement et la Caisse marocaine des retraites, se sont mises d'accord par le biais d'un mémorandum d'entente pour la vente de pas moins de 5 CHU (centres hospitaliers universitaires). L'opération va permettre au gouvernement d'empocher 4,5 milliards de dirhams. Pour les responsables, il s'agit d'une opération win-win puisque la CMR pourra ainsi expérimenter une nouvelle forme d'investissement par des rémunérations de placement potentiellement plus importantes. Et ce n'est pas encore fini. D'autres opérations sont actuellement à l'étude entre le gouvernement et des investisseurs institutionnels notamment et principalement… des caisses de retraite ou les gestionnaires de leurs réserves. Il faut préciser que le financement de l'Etat auprès des caisses de retraite se fait également sous forme d'emprunt. Selon le rapport sur la dette accompagnant le projet de loi de Finances 2020, les caisses de retraite en plus des compagnies d'assurance détiennent 23% de l'encours des bons émis par le Trésor, et ce jusqu'à fin 2018. Il faut préciser enfin que les taux appliqués à la dette intérieure du Trésor sont inférieures à 4% pour plus de la moitié de l'encours total (52% en 2018). Dette publique La dette du Trésor a atteint un encours d'environ 739 milliards de dirhams au 1er semestre 2019. L'encours de cette dette a progressé de 2,4% par rapport à fin 2018 se situant ainsi à 739,9 milliards de dirhams à fin juin 2019. Une hausse qui s'explique par l'augmentation de 1,8% de l'encours de la dette intérieure et de 4,5% pour la dette extérieure. C'est ce qui ressort en tout cas du rapport sur la dette publique accompagnant la loi de Finances 2020. Ce dernier annonce, en outre, une hausse des charges en intérêts et commissions de la dette du Trésor par rapport au premier semestre 2018. Ces charges ont été évaluées à 18 milliards de dirhams à fin juin 2019 contre 16,6 milliards de dirhams une année plus tôt. De même, les charges dues au titre de la dette intérieure se sont élevées à 16,2 milliards de dirhams contre 14,8 milliards de dirhams à la même période de l'exercice 2018.