L'explosion d'une bombe à Beyrouth fait craindre une reprise des violences alors que l'opposition rejette l'appel du président à un dialogue entre partisans et adversaires de la présence syrienne. Onze personne blessées, c'est le bilan de la bombe qui a explosé dans un quartier chrétien de Beyrouth. L'attentat non revendiqué fait craindre une reprise des violences au Liban. Des responsables de la sécurité ont précisé que la bombe avait été posée dans ou sous une voiture appartenant à un Arméno-Libanais. Le rez-de-chaussée et les premières étages du bâtiment où vivait le propriétaire de la voiture ont été très endommagés. Le président libanais a jugé que la situation actuelle du pays exige qu'il reste au Liban. Ainsi, quelques heures après l'attentat, Lahoud a informé le président algérien Abdelaziz Bouteflika qu'il ne pourra pas assister au sommet mardi prochain en raison de la situation qui prévaut au Liban. Réagissant à cet acte et dans l'espoir d'atténuer la crise politique aiguë que connaît le pays le chef de l'Etat libanais avait invité les partisans et les adversaires de la présence syrienne à entamer des discussions. "Lahoud appelle les parties à honorer leurs responsabilités historiques en protégeant les intérêts supérieurs du Liban en cette période sensible, en ouvrant un dialogue immédiat et direct visant à mettre à plat tous les problèmes actuels et à trouver un consensus dans l'intérêt du Liban", affirme un communiqué publié par le cabinet présidentiel. "Le président estime nécessaire qu'un tel dialogue s'ouvre aujourd'hui (samedi) à l'endroit de leur choix, voire au palais présidentiel, dont les portes leur sont ouvertes", ajoute le communiqué. L'opposition libanaise de sa part, a rejeté samedi soir l'appel du président pro-syrien Emile Lahoud. "Lahoud nous invite aujourd'hui au dialogue comme s'il était un indépendant, alors qu'il est sur le banc des accusés", a déclaré le dirigeant druze Walid Joumblatt. "Les agences de sécurité lui appartiennent (à la Syrie). Il n'y a pas d'autre explication. Lorsque les agences de sécurité passeront sous contrôle libanais, ce sera autre chose", a-t-il ajouté. Joumblatt avait déjà déclaré que ses alliés ne rejoindraient pas un gouvernement d'union nationale, comme l'a proposé le Premier ministre, tant que Lahoud serait président. La prise de position du président rend virtuellement impossible la formation d'un gouvernement d'union par le Premier ministre pro-syrien, Omar Karamé, déclare l'opposition. Karamé avait démissionné le 28 février sous l'intense pression générée par l'assassinat de Hariri pour être nommé à nouveau par le Parlement la semaine dernière. Après sa nomination, il avait proposé la formation d'un gouvernement composé de partisans et d'opposants de la présence syrienne au Liban pour mener le pays aux élections législatives prévues en mai. Par ailleurs, le mouvement Hezbollah a lancé un appel au dialogue national et a souligné que l'opposition ferait une erreur en rejetant la tenue de discussions. "Nous soutenons tout dialogue. Nous ne nous lasserons pas d'appeler au dialogue national", a déclaré le cheikh Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah. "Il n'y a aucune raison pour entrer dans une guerre civile, mais il ne faut pas créer le terrain propice", a-t-il averti. Il faut noter que l'opposition réclame un gouvernement neutre. Accusant la Syrie d'être derrière l'assassinat de M.Hariri, elle demande l'ouverture d'une enquête internationale sur sa mort.