La crise politique au Liban prend une nouvelle dimension. Des geurres de discours et manifestations hostiles aux attentats explosifs. Une nouvelle explosion s'est produite dans la nuit de mardi à mercredi au nord de la capitale Beyrouth. Seulement quatre jours d'intervalle entre deux attentats à l'explosif perpétrés dans la capitale libanaise. Dans la nuit de mardi à mercredi, un attentat à l'explosif, dans le centre commercial d'Alta Vista, situé dans le quartier résidentiel chrétien et d'affaires de Kaslika au nord de Beyrouth, a fait trois morts, dont deux Indiens, apparemment employés au «nettoyage» au centre commercial. La nationalité de la troisième victime n'a pas été encore identifiée. L'attentat a fait également trois blessés, notamment deux Srilankais et un Libanais. Le blessé libanais est un policier qui a été touché par des chutes de débris alors qu'il inspectait les dégâts à l'intérieur du centre. Selon un agent de la Sécurité libanaise, la bombe contenait une charge explosive d'au moins 20 kilos et aurait été placée devant une entrée située à l'arrière du bâtiment. Les vitrines des magasins de ce centre commercial luxueux ont explosé sous l'impact de l'explosion. Des panneaux d'aluminium du toit du bâtiment ont été déchirés, des alarmes de sécurité des boutiques et des voitures du quartier se sont déclenchées. L'attentat survient quarte jours après celui à la voiture piégée qui avait fait une dizaine de blessés dans la nuit de vendredi à samedi dans un quartier chrétien de la banlieue nord de Beyrouth.Aussitôt après l'explosion, plusieurs députés de l'opposition ont dénoncé ce qu'ils considèrent comme un "nouvel attentat" dont l'objectif est de déstabiliser le Liban. "Ce nouvel attentat vise à porter atteinte au soulèvement pour l'indépendance et la souveraineté du Liban", le mouvement pacifique lancé par l'opposition anti-syrienne au lendemain de l'assassinat le 14 février de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, a déclaré Farès Boueiz à la LBCI. "Il s'agit d'un message politique qui nous est adressé. Il est clair que celui qui a commis cet attentat veut déstabiliser le Liban. C'est la sécurité des gens qui est visée (...) mais il ne faut pas tomber dans le piège" des fauteurs de trouble, a-t-il ajouté. Le député Farid al-Khazen a même réclamé "la démission" des responsables des services de Sécurité au Liban. De son côté, le président français Jacques Chirac a dénoncé l'acte et s'est déclaré "tout à fait outré" par l'attentat. "Je souhaite que ceux qui jouent la carte du pire et voudraient essayer de dire que sans la présence syrienne, c'est l'anarchie et les attentats qui reviennent au Liban, je souhaite que ceux qui jouent à ce petit jeu soient rapidement démasqués et condamnés", a déclaré, devant les journalistes, Jacques Chirac lors d'une conférence de presse à Bruxelles, où il participait au Sommet européen de printemps. Par la même occasion les 25 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne ont appelé hier mercredi la Syrie à procéder à un "retrait complet" et "selon un calendrier précis" de ses troupes et de ses services de renseignement du Liban. Ils ont également exprimé leur souhait quant à la constitution d'un nouveau gouvernement au Liban "et qu'il puisse agir dans l'intérêt de tous les Libanais". Par ailleurs, lors du 17ème Sommet de la Ligue arabe à Alger, le président libyen, Moammar Kadhafi a défendu mercredi le rôle de la Syrie au Liban . Il a estimé que Damas devrait être remercié pour ses sacrifices."La Syrie devrait être récompensée car elle s'est sacrifiée pour la paix civile au Liban", a déclaré le colonel Kadhafi lors d'un long discours improvisé. Il a également critiqué les pressions internationales en faveur d'un retrait des troupes syriennes du Liban: "la Syrie est-elle le seul pays au monde" à avoir des troupes en dehors de son territoire ? a-t-il feint de s'interroger dans une allusion claire à la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis en Irak. "Est-ce que la résolution 1559 (sur le retrait des troupes étrangères du Liban) est la seule résolution sacrée aux Nations unies ?", a-t-il ajouté, demandant à haute voix pourquoi les résolutions onusiennes n'étaient pas jugées contraignantes lorsqu'elles concernaient Israël.