La position du Forum pour la justice et la vérité à l'égard de l'Instance d'équité et de réconciliation reste partagée entre des considérations d'exigences sociales et de raison politique. Le conseil national du Forum pour la vérité et la justice s'est tenu, dimanche, à Casablanca, avec la participation de quelque 60 personnes. Cet événement s'est déroulé dans une ambiance calme qui ne reflète guère l'état d'esprit de certains membres du Forum qui annonçaient la tempête et un durcissement du ton à l'égard du CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme), et plus particulièrement en ce qui concerne l'Instance d'équité et de réconciliation chargée du règlement définitif des séquelles relatives aux années de plomb. Le rapport présenté devant les membres du Conseil national s'est longuement appesanti sur les circonstances du passé, leurs séquelles et les différentes voies empruntées en vue du règlement d'affaires similaires, sur le plan international, notamment en Afrique du Sud. A l'issue des travaux de ce conseil qui a connu plus d'une quarantaine d'interventions et dont l'ordre du jour a été centré sur le dossier des victimes des années de plomb, les participants ont adopté un communiqué final qui prend note positivement vis-à-vis des aspects sociaux contenus dans le projet du CCDH concernant la réhabilitation des victimes, la réinsertion de certains d'entre eux au niveau de la vie active, leur traitement psychologique. En revanche, le Forum persiste à défendre son approche concernant le règlement de cette question. A la réconciliation, il propose d'abord de jeter la lumière sur ce qui s'est produit durant les années sombres et d'éclairer l'opinion publique sur le sort des disparus. Généralement les réticences ont porté sur certains passages du rapport du CCDH, notamment en ce qui concerne l'impunité et des allusions qui font un rapport direct entre la vérité et une sorte d'appel à la sédition. Ainsi, contrairement à la position de l'USFP et de l'Istiqlal, le Forum demeure réticent à l'égard du travail du CCDH. Le bureau politique de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), rappelle-t-on, avait salué, à l'issue de sa réunion du mercredi dernier, tenue, sous la présidence du premier Secrétaire adjoint du parti, Mohamed Elyazghi, salué l'approbation par SM le Roi Mohammed VI d'une recommandation du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH) relative à la création de l'«Instance d'équité et réconciliation» chargée notamment de poursuivre le règlement extra-judiciaire des violations passées des droits de l'Homme. Le Parti de l'Istiqlal a, de son côté, considéré qu'une telle instance sera «l'une des plus importantes instances du Royaume». Mais tel n'est pas l'avis des ONG oeuvrant dans le domaine des droits de l'Homme, notamment l'AMDH (Association marocaine des droits de l'Homme) qui demeure critique à l'égard de la situation des droits humains au Maroc, a appelé l'ensemble des forces agissant dans ce domaine, à œuvrer pour l'application des recommandations de la Conférence nationale sur les violations des droits de l'Homme au Maroc. Les positions de l'OMDH, par contre, sont plus positives vis-à-vis de ce dossier ; et ce même si l'accent est mis sur l'insuffisance des mesures adoptées dans ce sens, notamment au sujet du sort des disparus.