Le débat autour de l'Instance « Equité et réconciliation » connaît un tournant nouveau : les points de vue des différentes parties se rapprochent au fil des jours. La journée d'étude organisée, lundi dernier, par le Centre de documentation et d'information relevant du ministère des droits de l'Homme au sujet de la question des droits de l'Homme au Maroc, a constitué une occasion pour l'ensemble des parties concernées par ce dossier d'apporter leurs points de vue au sujet de bon nombre de questions dont essentiellement l'instance Equité et réconciliation. Ont été, en effet, présents à cette rencontre, outre le ministre des droits de l'Homme, Mohamed Aujjar, le Président et le secrétaire général du CCDH (Conseil consultatif des droits de l'Homme), Omar Azziman et Driss Benzekri, plusieurs représentants d'ONG oeuvrant dans ce domaine. Contrairement aux positions souvent diamétralement opposées exprimées auparavant par les différentes parties, notamment le CCDH et le ministère, d'une part, et l'AMDH (Association marocaine des droits de l'Homme), l'OMDH(Organisation marocaine des droits de l'Homme) et le Forum Justice et vérité, d'autre part, la journée fut une occasion supplémentaire pour les uns et les autres d'échanger leurs avis, notamment au sujet de l'Instance équité et réconciliation. Selon plusieurs observateurs, la journée a été une réussite dans la mesure où elle s'est distinguée par la participation de toutes les sensibilités et surtout par un rapprochement manifeste et important en ce qui concerne les différentes positions. En dépit du ton habituel du président de l'AMDH, Abdelhamid Amine, ancien détenu d'opinion, son discours, lors de cette rencontre, laisse déduire que les positions de l'AMDH évoluent dans un sens positif qui met l'accent sur la composition de l'Instance et ne s'arrête plus au sujet de l'impunité. De son côté, tout en adoptant une position constructive à l'égard de l'Instance précitée, notamment en ce qui concerne le volet social lié à la réhabilitation des victimes des années de plomb et à leur dédommagement, le Forum, à travers son secrétaire général, Mohamed Sebbar, a réitéré ses réserves quant au contenu de ladite Instance, particulièrement au sujet des poursuites pénales se rapportant aux violations des droits de l'Homme. Mais, au lieu de camper sur cette position, il a jugé nécessaire de passer à une phase plus importante qui sera focalisée sur la composition et les attributions de l'Instance Equité et réconciliation. Dans cette optique, l'on s'attend encore à la promulgation d'un nouveau dahir arrêtant les membres de cette institution et ses prérogatives. En fait, de l'avis de tous les participants, cette nouvelle instance doit être dotée d'une équipe intègre dont les membres sont connus dans le domaine des droits humains et appartenant à différents horizons ( historiens, sociologues, hommes politiques, médecins, etc…). L'allusion est faite à ce niveau à la composition du Conseil supérieur de l'Audiovisuel. Dans cet ordre de doléances, il est également question de doter cette instance de prérogatives réelles lui permettant, à titre d'exemple, de vérifier certains faits relevant du passé, notamment auprès des pouvoirs publics. L'intervention de Abdelaziz Bennani, ancien président de l'OMDH s'inscrit dans cette perspective, mais se démarque des autres intervenants par son appel à l'interpellation des appareils de l'Etat et non des personnes concernant les délimitations des responsabilités. Saisissant cette occasion, l'OMDH a présenté un mémorandum qui exprime ses points de vue au sujet des différentes questions relevant de ce dossier, dont un avis sur la formule à adopter au niveau de l'instance. Celle-ci doit être composée aux yeux de l'ONG précitée de pas plus d'un tiers des membres du CCDH, les deux tiers restants doivent inclure des représentants de la société civile et des personnalités éminentes. L'on parle déjà, à ce niveau de certaines personnes, comme l'historien Abdellah Laroui, Halima Ouerzazi, connue pour ses initiatives en faveur des droits de l'Homme, au niveau international, Abdelaziz Bennani, avocat, Mokhtar El Harras, sociologue, etc… Mais, pratiquement et en fin de compte, tout dépend de la décision royale à ce sujet. Bref, les spéculations vont bon train, et l'OMDH compte donner, ce mercredi, une conférence de presse au cours de laquelle elle va annoncer son avis au sujet de ces questions de l'heure.